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demandait la réforme. Il s’entendait conséquemment avec les agens généraux ; aussi choisissait-on souvent pour promoteur l’un des agens généraux sortant de charge. Ces fonctions étaient si actives et si occupées que, dès l’assemblée de Melun de 1579, on jugea nécessaire d’élire deux promoteurs, et l’usage se perpétua d’en agir ainsi dans les grandes assemblées, car il n’y en avait qu’un pour les petites. Bossuet fut choisi pour promoteur de l’assemblée de 1682, où il avait été élu député par la nouvelle province ecclésiastique de Paris, n’ayant point encore reçu les bulles de sa nomination à l’évêché de Meaux. En divers cas, les promoteurs remplissaient à l’assemblée le rôle qu’ont les ministres devant les chambres.

La votation se faisait dans les séances par province, chacune devenant un jour à son tour la prérogative, comme auraient dit les Romains, ce qui signifie qu’elle avait le droit d’exprimer la première son suffrage ; droit important, car ce suffrage initial exerçait beaucoup d’influence sur celui des autres provinces appelées à voter ensuite. C’était par l’opinion de la majorité des députés d’une province que se formulait le suffrage de celle-ci. Y avait-il entre eux partage égal, le suffrage de la province était dit caduc, et il n’était point compté. Les agens généraux non pourvus du mandat de député, mandat qu’une province pouvait au reste leur donner, quoique ayant entrée dans l’assemblée, n’avaient que voix consultative. Les délibérations ne se prolongeaient guère, car c’était surtout dans les bureaux ou commissions que tout se préparait. L’assemblée recevait au début de sa session les commissaires du roi, ministres ou conseillers d’état qui étaient introduits avec toutes les marques de considération dues à leur rang et à la mission dont ils. étaient investis, suivant une étiquette scrupuleusement observée, comme on l’observait en toutes choses au temps de nos aïeux. Les commissaires présentaient au président de l’assemblée, devant lequel ils étaient assis sur des sièges élevés, les lettres royaux qui les accréditaient et ils exposaient les demandes que le roi adressait à l’assemblée. Cela fait, ils étaient reconduits en grande pompe comme ils avaient été reçus. Ils pouvaient se présenter toutes les fois que cela était nécessaire pour venir soutenir les propositions du roi ou en apporter de nouvelles, et le même cérémonial était toujours observé à leur égard. L’assemblée pouvait de même recevoir la visite de quelque grand dignitaire de l’église, des cardinaux, du nonce ou de ceux qui avaient à lui adresser des réclamations ou des plaintes. Ainsi toutes les fois qu’il s’agissait de renouveler le contrat de l’Hôtel de Ville de Paris, le prévôt des marchands et les échevins venaient saluer l’assemblée et soutenir dans des conférences avec les députés les intérêts de la municipalité parisienne. Une foule