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conseillers laissaient percer les inquiétudes qu’elles leur inspiraient. Tels étaient encore les sentimens qui existaient au XVIIe siècle autour du trône. Bossuet écrivait en septembre 1681 à l’abbé de Rancé : « Vous savez ce que c’est que les assemblées du clergé et quel esprit y domine ordinairement. Je vois certaines dispositions qui me font un peu espérer de celle-ci (l’assemblée de 1682) ; mais je n’ose me fier à mes espérances, et en vérité elles ne sont pas sans beaucoup de craintes. » C’est à raison des défiances qu’il avait à l’endroit des assemblées générales que le roi essaya plusieurs fois de leur substituer une simple réunion de prélats courtisans, ce qu’on avait baptisé du sobriquet de petite assemblée, réunion au reste toujours consultée quand il s’agissait de convoquer une assemblée générale. Mais quoi qu’il fit, il ne parvint jamais à donner à cette camarilla l’autorité de la représentation élue et régulière du clergé. Les assemblées générales protestèrent plus d’une fois contre ce que les évêques de cour avaient décidé, et ce fut notamment le cas en 1635. Le roi, en quelques circonstances, alla même jusqu’à se passer de tout avis des prélats pour lever sur le clergé de nouveaux décimes, sous prétexte qu’il y avait urgence et manifeste intérêt de la religion. On vit la chose se produire au temps du siège de La Rochelle, alors que, les 1,320,000 livres accordées par l’assemblée du clergé n’ayant pas suffi pour venir en aide aux frais de ce siège, Louis XIII prétendit, par simples lettres de cachet adressées aux évêques, pouvoir faire continuer la levée de décimes extraordinaires.

Cette tendance à restreindre la représentation ecclésiastique se manifesta presque dès le début des assemblées. La levée des décimes consentis sur le clergé par la conférence de Poissy s’étant continuée au-delà du 31 décembre 1577, terme qui lui avait été assigné, les évêques réclamèrent, et Henri III se vit forcé de convoquer une assemblée générale. Mais les lettres patentes qu’il délivra à cette occasion interdisaient aux membres du clergé du second ordre de se réunir avec les évêques députés par les provinces. Le clergé inférieur protesta, et le roi dut accorder de nouvelles lettres qui autorisaient les députés du second ordre à faire partie de l’assemblée qui fut la célèbre assemblée de Melun. Disons pourtant que quelquefois le roi fut fondé à réduire le nombre des députés. En certains cas, les provinces comptèrent plus de représentans qu’elles n’auraient dû en avoir, malgré les instructions données à cet égard aux agens généraux par les ministres de la couronne. Comme il s’élevait souvent des contestations sur la validité des élections quand l’assemblée se trouvait partagée sur la question de savoir lequel des deux compétiteurs devait être Validé, elle admettait l’un et l’autre à représenter la province. Le fait se produisit pour plusieurs provinces à