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LA GRECE
ET
LES PROVINCES GRECQUES DE LA TURQUIE

Pour n’avoir jamais été résolue qu’à moitié, la question grecque s’impose périodiquement à l’Europe. Aujourd’hui encore, cette question est à l’ordre du jour. Le congrès de Berlin a reconnu la justice des plaintes des provinces grecques de la Turquie, la légitimité des revendications de la Grèce. En vain la Porte a tenté d’éluder les vœux du congrès en multipliant les procédés dilatoires et en recourant à sa force d’inertie, — la seule force, hélas ! qui reste à l’empire ottoman, — il semble qu’elle se décide, sinon à satisfaire tout à fait aux réclamations des Grecs, du moins à les examiner sérieusement. Des commissaires sont nommés de part et d’autre. Ils vont se réunir à Prévéza à l’entrée du golfe d’Arta, pour fixer les délimitations de la nouvelle frontière grecque. Mais, sans citer même les partisans obstinés de la Turquie, ceux-là qui continueront à parler de l’intégrité de l’empire ottoman quand cet empire ne sera plus qu’un souvenir en Europe, il est un certain nombre d’esprits impartiaux, judicieux, qui se demandent si le royaume hellénique doit réellement gagner autant que le prétend sa diplomatie à l’extension de ses frontières, et si les provinces grecques de la Turquie trouveront de véritables avantages à leur annexion à la Grèce. Il paraît utile, pour aider à résoudre ces questions, d’étudier l’histoire politique de la Grèce dans ces dernières années, d’esquisser le tableau de sa situation économique, enfin de rappeler le rôle des Épirotes et des Thessaliens comme Grecs, et leur condition comme sujets turcs.