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mais celui de gauche manque complètement et a disparu ainsi que le péristyle ou pronaos ; cette partie avancée de l’édifice semble avoir été engagée dans des constructions plus récentes, qui sont elles-mêmes démolies depuis plusieurs siècles, et tous ces décombres mêlés ont été successivement détruits par la mer et ensevelis sous le sable. Toutefois quelques vestiges de mur d’enceinte ou peribolos sont encore apparens de distance en distance et donnent une idée assez vague de l’importance du monument.

Tout à côté, les fouilles ont révélé la présence de débris plus grandioses ; mais ce ne sont malheureusement que des substructions dont les lignes sont souvent interrompues, des tronçons de colonnes épars, enfouis dans les dunes et dans un état de ruine et de désordre qui ne permet pas de reconstituer les édifices auxquels ils ont appartenu. Tout fait supposer cependant qu’il y avait le long de la plage une série de portiques, plusieurs monumens presque tous précédés de leur stoa, et leurs dimensions devaient être considérables, si l’on en juge par ce seul fait qu’on a retrouvé plus de soixante pièces différentes en communication entre elles, et que le soubassement de l’une de ces pièces ne mesure pas moins de 46 mètres de longueur sur 14 mètres de largeur. Les traces de canalisation, les débris très nombreux de mosaïque et de peinture à fresque, les fragmens de marbres riches qu’on y a pu recueillir conduisent à penser que ce n’était pas une habitation privée, mais un lieu public, probablement un de ces magnifiques thermes qui renfermaient à la fois des salles de bains et des jeux de toute sorte, des promenoirs, des galeries, souvent même des musées et de véritables théâtres miniatures, theatridia.

Un peu à l’extérieur de la ville, du côté de l’orient et sur la hauteur, était un petit édifice assez élégant dont on n’a pu retrouver que les fondations, terminé par un hémicycle de 5 mètres de développement et précédé, toujours suivant la mode grecque, d’un péristyle à colonnes. Ce petit sanctuaire devait vraisemblablement renfermer un autel ou une statue ; il est probable que c’était une chapelle privée, un laraire, ou un temple isolé, analogue à celui de la Victoire Aptère, dont on voit les restes à l’acropole d’Athènes.

L’état de dévastation de toutes ces ruines ne permet malheureusement de faire que des hypothèses ; mais nous devons, pour être complet, mentionner encore l’existence de substructions régulièrement alignées qui semblent indiquer la direction d’une ancienne rue de la ville. La rue est étroite et rectiligne ; à droite et à gauche la division des soubassemens en rectangles de petite dimension a paru indiquer la place des maisons. On y a même remarqué une très grande variété dans le mode de pavage des rez-de-chaussée, qui