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L'ANNEXION
DE
SAINT-BARTHELEMY
A LA FRANCE

L’acquisition que vient de faire le gouvernement de la république dans la mer des Antilles n’est pas due, grâce au ciel, au génie des batailles, la diplomatie aux allures ténébreuses n’y a pas joué de rôle, et personne en France, à l’occasion de cet accroissement de notre territoire colonial, n’a songé à monter au Capitole. On s’en est tenu, avec un peu trop de sans-façon, il nous semble, à inscrire cette annexion au budget comme s’il se fût agi de l’achat d’un tableau ou d’un matériel quelconque de guerre. Nous eussions désiré qu’il en eût été parlé sinon longuement, du moins avec déférence, soit à la tribune du sénat, soit à celle de la chambre des députés. Le procédé eût été de bon goût à l’égard de nos nouveaux compatriotes, quelque peu nombreux qu’ils soient ; puis, pas une âme vraiment française ne fût restée à coup sûr indifférente devant le fait de ce territoire revenant sans lutte ni sanglantes représailles à ses anciens possesseurs, après un siècle de séparation. Qui ne devine les espérances que l’annonce de ce simple événement eût fait naître dans les cœurs patriotes ? Nous les avons senti s’éveiller en nous, ces chères espérances, et c’est pour cela que nous avons regretté qu’une voix autorisée ne saluât