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mêmes plaintes se reproduisirent avec plus de force encore en 1655.

L’époque de la réunion de l’assemblée avait été différée cette année-là jusqu’en octobre ; il en était résulté un retard dans le paiement des rentes. Aux réclamations qui s’étaient élevées à ce sujet, plusieurs députés répondirent en mettant en question la validité d’un engagement qu’on semblait vouloir rendre perpétuel. Informés de leur opposition, les rentiers s’étaient émus ; des attroupemens s’étaient formés dans Paris, et une foule menaçante pénétra dans le cloître du couvent des Grands-Augustins, où se tenait l’assemblée. Bref, on vit alors se répéter ce qui s’était passé en 1579 et en 1595. MM. de l’Hôtel de Ville ne parlaient rien moins que de faire saisir les revenus des bénéficiera. L’assemblée se plaignit au gouvernement de l’intimidation qu’on essayait d’exercer sur ses résolutions, et elle déclara que, si les Parisiens gardaient leur attitude hostile, elle se verrait forcée d’interrompre ses séances ou de les tenir secrètement en lieu sûr. Le gouvernement était à ce moment trop faible pour entrer en lutte avec les députés ; il n’avait pas moins peur d’une population qui, quelques années auparavant, élevait des barricades et contraignait la reine mère et le roi à fuir. Il prit le meilleur parti ; il paya lui-même aux rentiers le quartier en retard, et Mazarin a assuré avoir fait de sa propre bourse les frais du paiement.

Aux assemblées de 1675 et de 1680, on revint encore sur le point de droit que soulevait un contrat que le gouvernement représentait comme n’étant que la continuation de la convention de Poissy. On contesta même les termes dans lesquels ce dernier contrat avait été rédigé. L’assemblée de 1675 confia au promoteur Cheron, savant canoniste, le soin d’examiner la question, et il en fit l’objet d’un long mémoire à l’assemblée. Louis XIV s’en formalisa, et il nomma lui-même des commissaires pour prendre connaissance de la matière et lui en adresser un rapport. Ces commissaires, qui étaient Hotman, Desmarets et Ranchin, semblent ne pas avoir porté par leur travail la conviction dans l’esprit des députés du clergé, car, à l’assemblée générale de 1705, le contrat de Poissy donna encore lieu à de vives discussions ; les agens généraux furent priés de rechercher tout es qui pouvait en éclairer les origines. Le principe du renouvellement périodique du contrat des rentes de l’Hôtel de Ville était néanmoins généralement accepté, et dans les assemblées on ne se refusa plus, à partir de la fin du XVIIe siècle, à accorder les décimes nécessaires au service des arrérages de cette créance ; mais le prévôt des marchands et les échevins durent continuer à chaque assemblée décennale à venir solliciter en personne des députés le vote qui renouvelait cet ancien engagement.