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II

Il nous faut d’abord citer quelques chiffres.

En 1867, le total des inscriptions prises dans les facultés de théologie, de droit, de médecine, des sciences, des lettres, de pharmacie, et dans les écoles préparatoires, se montait à 54,299. En 1876, il s’est élevé à 55,191 ; soit une augmentation de 892 inscriptions ou de 223 élèves environ, puisque le nombre des inscriptions prises annuellement est de quatre. A ne considérer que ces chiffres en eux-mêmes, on pourrait croire que la population de nos facultés est, à peu de chose près, demeurée stationnaire. Il s’en faut pourtant que ces apparences soient conformes à la réalité. Si nos facultés de médecine et des sciences, nos écoles supérieures de pharmacie et nos écoles préparatoires de médecine ont vu s’élever le nombre de leurs inscriptions, les facultés de théologie, des lettres et de droit, ces dernières surtout, ont vu diminuer le nombre des leurs dans des proportions presque aussi considérables. Le droit en a perdu 1,878, les lettres 1,715. Faut-il attribuer ces mécomptes au délaissement des études littéraires et juridiques par la jeunesse ? Faut-il y voir seulement la conséquence de nos pertes de territoire, et l’effet de la loi du 12 juillet 1875 sur la liberté de l’enseignement supérieur ? La statistique paraît incliner à cette dernière opinion, en se fondant sur ce fait que, si le nombre des élèves a diminué dans les facultés de droit et des lettres, celui des docteurs a augmenté. En 1868, il n’avait été délivré que 132 diplômes de docteurs en droit et 11 diplômes de docteurs es lettres. En 1876, il en a été délivré 189 d’une part et 12 de l’autre. La progression n’est pas, on le voit, bien considérable ; pour les lettres, elle est même insignifiante, et l’administration aurait tort de se reposer sur ces chiffres. Ils ne sont assurément pas inquiétans, mais ils pourraient être plus en rapport avec les sacrifices que l’état s’est imposés depuis quelques années.

Qu’on ne croie pas au moins que ces sacrifices aient eu rien d’exagéré. En 1867, la somme des crédits permanens inscrits au budget de l’enseignement supérieur était de 7,013,171 francs. En 1878, elle se montait à 13,058,556 fr., soit une augmentation de 6,045,385 fr., qui s’est répartie pour les deux tiers entre les diverses facultés, pour l’autre tiers entre nos grands établissemens scientifiques et nos écoles spéciales. Ces chiffres, il est vrai, sont loin de comprendre toutes les dépenses supportées par l’état. A côté des crédits permanens inscrits au budget du ministère de l’instruction publique figurent pour des sommes importantes plusieurs