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réorganisée ; il a fallu créer de toutes pièces l’école française archéologique de Rome, pour compléter l’œuvre des fondateurs de l’école française d’Athènes. Les membres de cette dernière étaient bien tenus de faire un séjour de trois mois en Italie avant de se rendre en Grèce. Mais ce n’est pas en un si court espace de temps qu’ils pouvaient entreprendre une étude approfondie des monumens, des inscriptions ou des manuscrits. Tout au plus avaient-ils le temps de visiter rapidement Rome, Florence ou Venise. Il faut un an pour bien connaître Rome seule ; les jeunes savans qui entreprenaient un voyage circulaire en Italie pour se préparer, pensait-on, par l’étude des antiquités latines à celle des antiquités grecques n’emportaient le plus souvent de cette visite superficielle et faite à coups de guide qu’une impression fugitive et souvent fausse. La fondation en 1874 d’une école française, placée sous la direction d’un savant distingué et se recrutant parmi les membres de l’école d’Athènes (première année), ou parmi les élèves sortans des écoles normales, des chartes et des hautes études, permet déjà d’entrevoir le jour où l’archéologie romaine aura parmi nous d’aussi nombreux représentans qu’en Allemagne. Mais la nouvelle école ne borne pas là le cercle de ses travaux ; le moyen âge italien, l’art et la philosophie, la renaissance à la cour des papes, la politique et la diplomatie du saint-siège ont déjà donné lieu de la part des membres et du directeur à d’intéressantes publications, notes ou mémoires. Il faut souhaiter que ce vaste champ reste libéralement ouvert. L’école de Rome a presque autant besoin de lettrés et d’historiens que d’archéologues ; pendant que ceux-ci fouilleront la campagne romaine, ceux-là trouveront dans les livres et les manuscrits des trésors enterrés depuis des siècles et dont l’exhumation fera certainement honneur à la science française.

L’école française de Rome n’en est encore qu’à ses débuts, puisque le décret qui l’a organisée n’a guère plus de trois ans de date. L’École pratique des hautes études est un peu plus vieille. Fondée en 1868, elle a déjà dix années d’existence. Chacune de ces années a été marquée par un progrès ou par d’importans travaux. Elle compte à l’heure actuelle 27 conférences et 50 laboratoires d’enseignement ou de recherches, et les publications faites sous ses auspices forment déjà un ensemble de soixante-douze volumes, qui lui ont valu un diplôme d’honneur à l’exposition de Vienne. « Depuis 1868, dit la statistique, l’administration a continué de se diriger sans un moment d’arrêt vers le but que se proposait d’atteindre le fondateur de l’école, M. Duruy. De nouvelles constructions ont déjà permis ou permettront demain d’ouvrir dans toutes les facultés des laboratoires d’élèves ; des règlemens d’administration publique ont rendu obligatoires les travaux pratiques qui jusqu’alors n’étaient que facultatifs ; soixante-dix emplois de maîtres de conférences ont