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professeurs des lettres et des sciences un public d’élèves comme ceux que les professeurs allemands, réunissent au pied de leurs chaires, on n’aurait pas encore le droit, pense M. Lavisse, « d’exiger d’eux le même nombre d’heures de leçons que donnent les universitaires d’Allemagne. » Et, à l’appui de cette opinion, M. Lavisse cite le compte vrai, quoique invraisemblable, de la somme de temps employée aux examens par un éminent professeur de la faculté des lettres de Paris, du 1er novembre 1877 au 1er novembre 1878.

Baccalauréat, session de novembre, 14 séries aux lettres, 3 aux sciences, 3 surveillances. Chaque série implique : 1° la correction de 20 copies ; 2° un examen oral ; c’est donc une journée entière. La surveillance est de huit heures à midi et de deux heures à quatre heures et demie ; c’est encore une journée enlevée à tout travail sérieux ; total pour la session de novembre : 20 journées.

Session d’avril : 8 séries aux lettres, 2 aux sciences, 3 surveillances ; total : 13 journées.

Session de juillet-août : 17 séries aux lettres, 4 aux sciences, 4 surveillances ; total : 25 journées.

Doctorat : 1° examen de 5 thèses en manuscrit pour en faire un rapport au doyen : ensemble, 31 journées. 2° Lecture des mêmes thèses imprimées en vue de la soutenance ; lecture de 9 autres thèses également imprimées, total 14 thèses, à 2 jours chacune au bas mot, cela fait 28 journées, 3° Séances de soutenance, 14 journées.


Total pour le doctorat 31 + 28 + 14 = 73 journées.
Total pour le baccalauréat 20 + 13 + 25 = 58 —
131 journées

Ces chiffres sont évidemment excessifs ; mais il faut dire aussi qu’ils sont exceptionnels et qu’il n’y a que Paris et deux ou trois villes de province où les professeurs de facultés soient écrasés de cette sorte. Partout ailleurs, le nombre de journées absorbées par les examens est assez raisonnable. À Besançon et à Dijon, par exemple, les professeurs de la faculté des lettres ne consacrent pas plus de 60 journées aux examens du baccalauréat et de la licence. Quant au doctorat, c’est pour mémoire seulement que nous le comptons. Il n’est donc pas exact de prétendre que la grande majorité des professeurs de facultés ne pourrait pas supporter un surcroît d’heures de leçons, et, si nous admettons volontiers qu’à la Sorbonne les examens constituent une charge excessive, il faut reconnaître qu’en province le corps enseignant n’en est pas, en général, accablé.

La seconde objection présentée par la Société d’enseignement supérieur semble plus fondée. Les cours des professeurs allemands ne