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indiquées dans la statistique de 1878, ou qui l’avaient été dans la précédente, telles que la création d’écoles normales secondaires, l’augmentation du nombre des bourses, la réforme de la licence, l’obligation pour les étudians en droit de suivre effectivement les cours des facultés des lettres, enfin une plus sérieuse organisation du service des bibliothèques. Il suffirait là d’un peu de vigilance et de fermeté pour réaliser de notables progrès.

Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il est question de créer, au chef-lieu de chacune de nos facultés des lettres et des sciences, des écoles normales secondaires destinées à former une pépinière d’élèves-maîtres comme ceux de l’École normale de Paris et, comme eux, tenus de suivre les cours d’enseignement supérieur. Déjà, en 1821, la restauration en avait décrété l’organisation… sur le papier, il est vrai. En 1845, un ministre dont le nom est resté cher à l’Université, M. de Salvandy, reprit l’idée, mais sans lui donner un corps. Plus récemment, en 1868, intervint un décret de l’empereur Napoléon qui créait au chef-lieu de chaque académie une école normale secondaire « pour la préparation à la licence et à l’agrégation. » Malheureusement ce décret ne reçut qu’un commencement d’exécution[1] ; les successeurs immédiats du ministre d’alors le laissèrent tomber en désuétude, et la république n’a pas encore pensé qu’elle dût le reprendre. On a préféré créer des bourses de licence et de doctorat au nombre de trois cents ; ce qui donne une moyenne de sept élèves pour chacune de nos trente-neuf facultés ou écoles supérieures. Peut-être l’administration de l’instruction publique eût-elle été mieux inspirée en poursuivant l’application du décret de 1868. Ce n’est pas à l’aide d’un contingent de sept ou huit élèves par établissement qu’on peut espérer a transformer le caractère de nos auditoires. » La statistique elle-même en fait l’aveu. D’autre part, il semble difficile que l’état augmente indéfiniment le nombre de ses boursiers. Il s’impose déjà de grands sacrifices pour ceux de l’enseignement secondaire ; on ne saurait exiger qu’il ajoute à toutes ses autres charges celles qui résulteraient de ce chef.

Ce ne serait pas d’ailleurs l’unique avantage des écoles normales secondaires que de procurer à nos facultés des lettres et des sciences les élèves qui leur manquent ; de telles écoles contribueraient certainement à relever le niveau de l’enseignement secondaire, en formant pour cet ordre d’études des sujets plus instruits et plus capables. Sur 1,707 maîtres, nos collèges comptent encore, à l’heure actuelle, plus de 700 simples bacheliers. L’École normale supérieure

  1. Notamment à Douai et à Nancy, où il avait donné d’excellens résultats.