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de prévoir le lendemain, celui-là qui doit deviner les siècles passés et auquel on permet de beaucoup disserter. Séance et banquet se terminaient après un échange de paroles parfaitement courtoises. Le lendemain, dans les salons de l’ambassade d’Allemagne, on offrait à de nombreux invités, en présence du roi et de la reine, du prince Amédée, du grand-duc et de la grande-duchesse de Saxe-Weimar, le spectacle mythologique et classique de tableaux vivans organisés par M. Helbig. Après un prologue en vers récité par la marquise del Grillo (Mme Ristori), quelques-unes des personnes qui sont le mieux connues parmi la société romaine représentaient les scènes suivantes: La querelle entre Agamemnon et Achille, — Périclès et Aspasie dans l’atelier de Phidias, — Alexandre le Grand et Héphestion en présence des femmes de Darius, — Ovide lisant les Métamorphoses devant la cour d’Auguste. Ce qu’on appelle les tableaux vivans est un plaisir des yeux fort recherché dans quelques pays de l’Europe ; à en juger par ceux-ci, il y aurait bien, cela est vrai, de quoi réconcilier certains médisans avec l’érudition et l’archéologie. Les attitudes et les aspects de l’antiquité classique n’ont certes qu’à gagner, sous quelques rapports, à être traduits avec tant de charme et de grâce par des interprètes modernes. Il y a toutefois une difficulté : l’idéal de convenance délicate et de bon goût que revêtent et respirent inévitablement de telles imitations en si exquise compagnie ne peut, ce semble, que s’éloigner toujours davantage, plus il se montre, de cet autre idéal qui animait l’antiquité païenne; il s’ensuit que le sentiment esthétique moderne dont s’inspirent des spectateurs instruits et amis du style ne s’accommode pas facilement de voir trop écarter la couleur locale, que d’autre part on ne consentirait pas à voir trop respectée... Mais c’est après tout une occasion de rares élégances, qu’il n’y a pas besoin de beaucoup discuter, et qu’on doit accepter comme elle est offerte, avec un désir de plaire par une réciproque, condescendance entre personnes sachant le prix de ce qui est brillant et gracieux.

Il faut rendre cette justice à l’Institut archéologique de Rome, qu’il a été fondé avec un caractère international, et qu’il a conservé ce caractère en une certaine mesure, même depuis qu’il est devenu un établissement officiel. Nous n’avons pas besoin de nous en souvenir pour reconnaître ses mérites; mais c’est un mérite de plus, qui rehausse le prix des résultats obtenus. La tâche proposée était souverainement utile : observer, commenter, mettre en œuvre les monumens de toute sorte, si abondans en Italie, qui peuvent servir à l’étude érudite de l’antiquité classique. Cette tâche a été accomplie, avec un nombreux concours, grâce à une méthode vraiment scientifique, celle de l’analyse et de l’observation patiente.

M. Henzen, dans son discours d’ouverture de la séance du 21, a tout