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permanens des églises auprès du roi de France. Bouillon réclamait pour la couronne le droit de choisir les deux députés généraux sur une liste de six candidats nommés par l’assemblée générale.

L’assemblée envoya des articles à la reine ; elle répondit qu’elle accordait la prolongation des places de sûreté pour cinq ans, qu’elle choisirait deux députés généraux sur six personnes nommées par l’assemblée ; mais elle exigea que l’assemblée se séparât avant de remettre les cahiers répondus et les brevets de ses grâces. Le duc de Bouillon travailla à obtenir que l’assemblée obéît à la reine, à l’encontre de ceux qui ne voulaient point choisir de noms avant que l’on n’eût renvoyé les cahiers. Bouillon l’emporta, et l’assemblée se sépara ; les mécontens partirent en l’accusant hautement d’avoir trahi les églises.

Ceux de La Rochelle refusèrent de recevoir les commissaires de la reine. On fit de tous côtés des assemblées particulières où l’on se plaignait que la reine eût ôté à l’assemblée générale la liberté de parler, qu’elle eût répondu trop tard et trop défavorablement aux cahiers. Ces petites assemblées envoyèrent leurs délégués à Paris pour surveiller les députés généraux.

L’assemblée de Saumur avait organisé la tenue de ces petites assemblées provinciales et fait un règlement pour les constituer. Rohan avait eu une part importante à la rédaction de ce règlement. Il fut appelé à présider l’assemblée provinciale de Saintonge, qui se réunit le 2 novembre 1611 à Saint-Jean-d’Angely. L’assemblée prit connaissance de la réponse faite par la cour au cahier des plaintes dressé par l’assemblée générale de Saumur. Mécontente de cette réponse, elle se mit en rapport avec l’assemblée provinciale du Poitou, qui se tenait à Thouars. Elle nomma un conseil provincial[1] conformément au règlement de Saumur. Deux membres furent choisis pour porter à la cour des remontrances.

Ainsi des centres de résistance s’organisaient de toutes parts. La main ferme qui avait tout tenu dans l’ordre ne se faisait plus sentir ; les intérêts particuliers se déchaînaient ; le trouble des églises s’accroissait et s’entretenait par les ambitions provinciales, par les prétentions des villes, par les haines de famille, les rivalités des gentilshommes et des princes.


IV

C’est vers le commencement de l’année 1612 que Condé et le comte de Soissons avec lui commencèrent à se séparer de la cour,

  1. Ce conseil fut ainsi composé : pour la noblesse, de Rioux, de Montamier, du Parc-d’Archiac, de Ciré (suppléans : de Genouillé, de Couvrelles, de Saujon et de la Garde), quatre députés ; pour les consistoires, deux députés et deux suppléans ; pour le tiers, deux députés et deux suppléans.