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diplomatique. Cet acte, qui témoigne d’un mépris complet pour les principes du droit des gens, soulève une question internationale. Le droit de demander satisfaction de cet outrage appartient également à tous les gouvernemens ; mais, pour le gouvernement allemand, ce droit devient un devoir, attendu que le ministre des États-Unis, pendant les deux sièges de Paris, a eu la bonté de se charger de la protection des intérêts allemands dans cette ville. En conséquence, le soussigné somme les chefs du pouvoir dans Paris de remettre immédiatement aux autorités militaires allemandes les gardes nationaux qui se sont rendus coupables de la violation de la résidence de M. Washburne. Dans le cas où la satisfaction ne serait pas donnée dans les vingt-quatre heures par la remise des coupables entre les mains des avant-postes à Saint-Denis, le gouvernement se réserve le droit de prendre immédiatement d’autres mesures. — FABRICE. »

Paschal Grousset devenait un véritable diplomate ; les représentans des puissances étrangères correspondaient avec lui et avaient soin, comme on peut le remarquer, de supprimer résolument toutes les formules de politesse qui accompagnent ordinairement de pareilles communications. Nous ignorons si la commune a été consultée sur ce cas spécial ; cela est probable, car la lettre de réponse du délégué aux relations extérieures porte l’en-tête du comité de salut public : « Paris, 22 mai 1871. Monsieur, en réponse à votre lettre du 21 mai au sujet de la légation des États-Unis, le soussigné a l’honneur de vous exposer ce qui suit : informé le 20 mai, vers midi, de la présence à la légation des États-Unis de plusieurs gardes nationaux qui ignoraient le droit et les immunités du corps diplomatique, le soussigné à immédiatement envoyé un des employés de la délégation avec un ordre formel pour faire respecter les droits sacrés d’une résidence neutre, et pour traduire les coupables devant une cour martiale. Au moment où ils reçurent avis de cet ordre, ils prirent la fuite dans toutes les directions sans qu’il fût possible d’en reconnaître aucun. En conséquence, le soussigné est incapable de punir un acte qu’il condamne formellement. Tous les représentans des puissances étrangères, qui ont été en relation avec lui, peuvent attester ce qu’il avance. Il n’a pu qu’exprimer à M. Washburne tous ses regrets et toute son indignation dans une lettre adressée le 20 mai à la légation des États-Unis[1]. Il ne peut que renouveler l’expression de ces regrets et de cette indignation au ministre allemand que M. Washburne a représenté temporairement. Le délégué de la commune aux relations extérieures : PASCHAL GROUSSET. »

  1. Cette lettre n’est jamais parvenue à M. Washburne.