Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 34.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

désespoir est de ne pouvoir imposer aux noirs de l’Afrique du sud. Les gouvernemens sont quelquefois plus libéraux que leurs sujets, et c’est le cas de l’Angleterre dans la plupart de ses colonies. Ah ! s’il arrivait un jour que le colonial office ne marchât plus aussi bien d’accord avec Exeter Hall, comme l’esclavage serait vite rétabli sur une foule de points du globe, et notamment dans les colonies de l’Afrique australe !

Parmi les richesses agricoles de l’Afrique australe, il faut citer encore les vignobles. Dans la seule colonie du Cap, il y en avait environ 70,000,000 en 1875. Cette colonie récolte donc en vin au delà de ses besoins ; mais cette abondance même est une perte pour les colons, car elle maintient les prix trop bas. Pendant ses excursions à travers la colonie, M. Trollope trouva que le prix courant des vins était de 3 livres sterling les 126 gallons, environ 500 litres, ce qui certainement serait bon marché en tout pays du monde. Une autre cause de dépréciation, c’est que l’exportation ne fait pas concurrence au marché du pays. L’Angleterre n’importe que peu de vins du Cap, et elle se trouve dans l’impuissance de prêter pour cette production aucune assistance à sa colonie, ne pouvant abaisser en sa faveur le tarif de ses douanes, engagée comme elle l’est par ses principes commerciaux à ne pas traiter les produits de ses colonies plus favorablement que les produits similaires des autres pays. Une particularité fort curieuse, c’est que les habitans de la colonie du Cap ne sont pas mieux fixés que les Européens sur la valeur véritable de leurs vins. Le vin de Constance a acquis parmi nous une assez grande notoriété comme vin de dernier service et de dessert, mais s’il y a quelque autre cru qui soit digne d’acquérir la même réputation ou une réputation d’un autre genre, peu de colons seraient en mesure de le dire, car on en rencontre à grand’peine quelqu’un qui se soit donné le luxe de laisser vieillir ses vins. Il en résulte que les qualités des différens crus n’ont pas encore pu être constatées et classées et que l’échelle de leurs valeurs respectives n’a pu être établie. On donna à M. Trollope une singulière explication de cette insouciance, c’est que le propriétaire ne tenait pas à perdre l’intérêt de son argent en gardant ses vins en cave, et voilà une explication qui peint au vif l’époque pressée où nous vivons.

Si des richesses agricoles nous passons aux richesses minérales, nous rencontrerons encore sur ce nouveau terrain quelque chose des mêmes déceptions. La houille existe dans l’Afrique australe en quantités considérables, il y en a des lits nombreux dans le Transvaal, et ici et là les boers s’en servent quelque peu pour leur chauffage ; il y en a dans Natal en quantité plus grande encore peut-être, mais ce merveilleux agent de travail n’est pas exploité, les usines et