Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 34.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Brongniart et Cordier ; mais, parmi ces savans, les uns ont vécu avant la publication de l’invention de Nicol, les autres n’ont pas cru sa méthode susceptible d’applications pratiques.

Alors, au lieu de réduire les substances minérales en minces lamelles, on se contentait de les pulvériser ; les poudres ainsi obtenues ne fournissaient à l’examen microscopique que des renseignemens vagues. Les minéraux qui les composent étaient pour la plupart irrégulièrement brisés, l’épaisseur inégale des grains amenait des jeux de lumière, défavorables à la précision des observations, enfin l’agencement des minéraux entre eux ne pouvait plus être reconnu. Cordier et les minéralogistes de son école recommandaient, à la vérité, de comparer les élémens des poudres provenant de l’écrasement des roches cristallisées avec des fragmens de mêmes dimensions obtenus par le concassage de minéraux connus, mais cette méthode empirique était d’une application malaisée ; elle a pu être utilisée seulement dans quelques cas exceptionnels ; les difficultés de toute espèce que l’on rencontre dans sa mise en œuvre l’ont fait bientôt abandonner par tous ceux qui successivement l’avaient préconisée. Ainsi, d’une part l’examen des poudres cristallines au microscope était défectueux, et d’autre part on ne croyait pas à l’efficacité et peut-être même à la possibilité d’une étude des minéraux sous forme de lamelles minces.

Tel était l’état de la question, lorsqu’en 1858 l’attention des hommes de science fut vivement éveillée par une intéressante découverte, celle des inclusions aqueuses à bulle mobile, Sorby, ayant eu l’idée d’étudier les particules de nature diverse qui se trouvent emprisonnées au sein des cristaux, avait taillé en lames minces, suivant la méthode de Nicol, un certain nombre de minéraux naturels, isolés ou engagés dans les roches. Or, parmi les échantillons qu’il examinait ainsi figurait un granit dont l’un des élémens, le quartz, se montra criblé de petites cavités remplies d’eau. Sorby étendit ses recherches et constata bientôt que le quartz de tous les granits présentait cette même particularité. Les inclusions aqueuses s’y présentaient le plus souvent en immense quantité et affectaient une petitesse extrême. La plupart n’étaient visibles qu’à de forts grossissemens. Tel échantillon de quartz en laissait apercevoir plusieurs millions sur une surface d’un centimètre carré. Généralement, chacune de ces inclusions renfermait en outre une petite bulle de gaz qui flottait au sein du liquide et s’y agitait d’un mouvement perpétuel, tantôt lentement et tantôt par bonds saccadés, d’une rapidité et d’une irrégularité incroyables. Cette agitation incessante d’une fine bulle de gaz au sein d’un liquide, signalée depuis longtemps par les botanistes et connue sous le nom de