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l’aide de l’acide fluorhydrique. Si l’on fait agir un excès de ce puissant réactif sur la poussière provenant de la trituration d’une roche, il se produit une attaque vive et, au bout de quelques instans, on recueille au fond du vase qui a servi à l’opération une poudre cristalline composée de tous tes élémens ferrugineux de la roche. En graduant l’action de l’électro-aimant de même que celle de l’action fluorhydrique, on peut pousser plus loin les séparations. Souvent aussi, pour atteindre ce but, il est avantageux de combiner les trois procédés d’extraction qui viennent d’être indiqués.

Les minéraux une fois extraits, on peut les éprouver au chalumeau, les soumettre aux recherches spectroscopiques, observer la couleur qu’ils donnent à la flamme d’un bec de gaz. On peut aussi les traiter par les divers réactifs chimiques. L’un des essais de ce genre, habituellement en usage, est celui que l’on doit au professeur Boricky. Il repose sur l’emploi de l’acide hydrofluosilicique. Cet acide, même dilué, attaque énergiquement la plupart des minéraux, et, se combinant avec leurs bases, il donne, par évaporation, des sels cristallisés que le microscope fait aisément reconnaître et permet de distinguer les uns des autres.

Enfin, comme dernier moyen de contrôle des déterminations microscopiques, nous trouvons l’analyse chimique quantitative. Les procédés d’extraction ci-dessus indiqués en sont les préliminaires obligés et acquièrent par suite une importance capitale ; le succès des manipulations consécutives en dépend. Quant à l’analyse elle-même, rien ne la remplace, rien n’équivaut à la détermination complète des élémens chimiques qui entrent dans la composition d’une substance dont il s’agit d’apprécier rigoureusement la nature minéralogique. Le microscope, loin de faire abandonner ou reléguer au second plan les manipulations chimiques, n’a fait qu’en démontrer la nécessité.

L’exposé qui vient d’être présenté donne un aperçu des grandes questions dont la géologie micrographique procure la solution, des problèmes nouveaux qu’elle soulève et des moyens d’action dont elle dispose. Il est impossible de prévoir l’étendue de ses conquêtes prochaines. Chaque jour elle produit des publications nouvelles ; les travaux de recherche qu’elle suggère ou favorise s’accumulent rapidement, et cependant elle n’est encore qu’à son début ; jamais la science n’a vu s’ouvrir devant elle un champ d’exploitation plus vaste et plus riche.


F. FOUQUE.