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princes devaient être traités conformément à l’ancienne loi rendue le 20 décembre 1790. Les grands dignitaires auraient le tiers de la somme accordée aux princes. Ils devaient présider les collèges électoraux des six plus grandes villes de l’empire, et les princes seraient à perpétuité, dès l’âge de dix-huit ans, membres du sénat et du conseil d’état.

Seize maréchaux furent aussi créés à cette époque, outre quelques sénateurs à qui le titre de maréchal fut donné[1].

Voici la formule du décret :

« Napoléon, par la grâce de Dieu et par les constitutions de la république, empereur des Français, à tous présens et à venir, salut.

« Le sénat, après avoir entendu les orateurs du conseil d’état, a décrété, et nous ordonnons ce qui suit :

« La proposition suivante sera présentée à l’acceptation du peuple français :

« Le peuple français veut l’hérédité de la dignité impériale dans la descendance directe, naturelle, légitime et adoptive de Napoléon Bonaparte, et dans la descendance directe, naturelle, légitime de Joseph Bonaparte et de Louis Bonaparte, ainsi qu’il est réglé par le sénatus-consulte organique du 28 floréal en XII. »

Ce sénatus-consulte fut proclamé dans tous les quartiers de Paris, et, comme il fallait penser à tout, en même temps un article du Moniteur apprit qu’il fallait donner aux princes le titre d’altesse impériale, aux grands dignitaires celui de monseigneur et d’altesse sérénissime ; que les ministres seraient appelés monseigneur par les fonctionnaires publics et les pétitionnaires, et les maréchaux monsieur le maréchal.

Ainsi disparut pour tout à fait le titre de citoyen, déjà oublié depuis longtemps dans le monde, où celui de monsieur avait repris ses droits, mais dont Bonaparte se servait toujours fort scrupuleusement. Ce même jour 18 mai, ayant invité à dîner ses frères, Cambacérès, Lebrun et les ministres de sa maison, nous l’entendions, pour la première fois ; se servir du nom de monsieur, sans que l’habitude rappelât une seule fois sur ses lèvres celui de citoyen.

En même temps, on créa les titres des grands officiers de l’empire, les maréchaux, huit inspecteurs et colonels généraux d’artillerie, du génie, de cavalerie et de la marine, et les grands officiers civils de la couronne dont je parlerai plus tard.

  1. Voici les noms des quatorze maréchaux nommés à cette époque : Berthier, Murat, Moncey, Jourdan, Masséna, Augereau, Bernadotte, Soult, Brune, Lannes, Mortier, Ney, Davout, Bessières ; et les sénateurs qui eurent ce titre : Kellerman, Lefebvre, Pérignon, Sérurier.