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double de celui présenté par la commission. Coupera-t-on le rocher suivant un talus de 1/10 avec un mur de 1 mètre d’épaisseur en crête ? Le parement de ce mur extérieur sera-t-il au talus de 1/3, ce qui fera augmenter l’épaisseur du mur vers la base de 1/10 de sa hauteur ? Alors, en y appliquant le prix de la commission, ce profil coûtera trois fois le prix de la tranchée primitivement projette.

Nous en avons fini avec ce long et pourtant bien incomplet résumé des études un peu précipitées du congrès, sans pouvoir donner un aperçu des projets présentés par MM. Félix Belly, Kelley, Flachat, et par tant d’autres personnages éminens. Leurs tracés ont été repousses ; mais la postérité n’oubliera pas les noms des hommes d’études qui ont voué une partie de leur existence, sacrifié leur fortune, à la richesse du fameux secreto del estrecho. Est-il enfin trouvé, ce trop fameux secret ? Nous voudrions répondre oui, et cependant nous avons la conviction que ce ne sera encore qu’après de nouvelles recherches et beaucoup d’essais pratiques que le sphinx américain dira son dernier mot.

Nous eussions voulu parler aussi des travaux des diverses commissions, rendre hommage à quelques-uns des hommes qui en ont fait partie ; mais cela nous entraînerait dans de trop grands développemens. La Société de géographie de Paris, toujours disposée à prêter son concours éclairé aux nobles entreprises comme aux périlleuses aventures, va publier les travaux du congrès, et c’est à cette publication que nous renvoyons ceux de nos lecteurs qui voudraient se faire du problème à résoudre une idée complète.

On affirme que M. de Lesseps veut ajouter à la gloire d’avoir percé l’isthme de Suez celle de mener à bonne fin le percement du canal interocéanique par Panama. L’entreprise ne peut assurément qu’y gagner. Il a annoncé déjà le triomphe du projet, à Londres, dans un congrès de littérateurs, à Nanterre, au couronnement d’une rosière, à l’Académie des sciences, à Amiens, enfin au Continental hôtel, dans un banquet de société. Si cette nouvelle gloire est réservée, comme nous le souhaitons, au Nékao moderne, il faudra bien reconnaître que nul n’aura su attaquer de front une œuvre colossale avec plus d’entrain.


EDMOND PLAUCHUT.