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les défilés des Alpes sur l’Helvétie, la Savoie, le Lyonnais, et s’étendre en éventail entre la Garonne et la Seine, des deux côtés de la Loire. Mais une branche considérable de cette famille ethnique dut aussi descendre le Rhin pour se rabattre plus tard par les provinces rhénanes sur la Belgique et rejoindre finalement des congénères sur les bords de la Marne et de la Seine. Ce fut la cité des Volques qui se porta le plus loin dans la direction du midi. Divisée en Arécomiques (Nîmes, Beaucaire, Uzès, le Vigan), et en Tectosages (Toulouse, Carcassonne, Narbonne), elle se superposa à la nation ibéro-ligure qui occupait le pays entre le Rhône et les Pyrénées ; les Volques étaient de grands voyageurs. On en retrouve près de la Forêt-Noire, en Pannonie, jusqu’en Asie-Mineure, en Galatie. Entre le Rhône et les Alpes de la Durance à l’Isère se logèrent les Voconces et les Cavares, et de l’Isère au Léman, les Allobroges. Nous omettons beaucoup de peuplades moins importantes qui formaient la clientèle de ces peuples dominans. La clientèle, ou le groupement de petites cités autour d’une grande dont elles devenaient solidaires, est une institution éminemment gauloise et fut le premier pas vers la nationalité. Il y eut en effet des clientèles, comme celles des Arvernes ou des Éduens, qui s’étendirent quelque temps sur une très grande partie de la Gaule. Le midi extrême ne paraît pas avoir jamais été aussi gaulois que le reste ; cela tient peut-être au mélange des races. Marseille appela de ses vœux la prépotence romaine, et la réduction en province du territoire compris entre les Cévennes, les Alpes et la Méditerranée, s’opéra sans grande difficulté. Les Allobroges seuls opposèrent une vigoureuse résistance, qui fut domptée. Il semblerait que l’épouvantable invasion des Teutons et des Cimbres, leurs ravages, la difficulté de s’en débarrasser, la défaite écrasante que leur infligea Marius, réconcilièrent de bonne heure la Gaule méridionale avec l’idée de la protection romaine. Déjà le sénat romain trouvait moyen de mettre les Éduens dans ses intérêts, pour avoir aussi des amis au nord des Cévennes.

Les Celtes dépassèrent aussi la Garonne et empiétèrent sur le domaine ordinairement regardé comme exclusivement aquitain. Les Bituriges Vivisques (Bordeaux) s’établirent sur la rive gauche, et à l’arrivée de César la Garonne était presque partout un fleuve gaulois. Leurs progrès ultérieurs furent arrêtés de ce côté par la conquête romaine. Les Aquitains ne prirent aucune part au grand soulèvement de la Gaule contre César[1] ; de plus, ils demandèrent et obtinrent une administration spéciale. Cela n’empêcha pas Auguste, quand il divisa la Gaule en trois grandes provinces, d’adjoindre à

  1. C’est un point sur lequel M. Desjardins rectifie une erreur qui nous était échappée dans notre étude sur Vercingétorix dont il parle d’ailleurs avec une extrême bienveillance.