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carrés avec des bas-reliefs sur les quatre faces représentant des dieux. Lutèce, renfermée dans son île, ne pouvait être une grande ville. C’est seulement sous Julien, qui l’aimait beaucoup, qu’elle commença à prendre de l’extension sur la rive gauche. La rive droite, en face de l’île, n’était qu’un grand marais dont le nom est resté à tout un quartier du Paris moderne et dont la voie d’écoulement courait parallèlement à la Seine pour s’y jeter a Chaillot. En fait il existe encore aujourd’hui un ruisseau souterrain qui coupe la rue Drouot. Visible encore au moyen âge, on le traversait à l’endroit dit Grange-Batelière, et il a donné fort à faire à M. Garnier, architecte du nouvel Opéra.

Citons aussi parmi les particularités de la Celtique proprement dite le nom de Borvo ou Borbo que portaient beaucoup de sources minérales. C’était le nom de la divinité patronne, et c’est l’origine du nom de Bourbon si fréquemment attaché à des localités thermales.

Un peuple cette qui partage avec les Volques. le goût de la dissémination, ce sont les Aulerques qu’on retrouve dans plusieurs régions assez distantes et portant divers surnoms, dans le Maine, dans le pays d’Évreux, dans l’Avranchin, dans l’Ain et dans le Milanais.

Les cités armoricaines formaient une sorte de confédération qui s’étendait du pays des Namnètes (Nantes) à celui des Calètes (Caux) ; ce dernier toutefois faisait partie de la Belgique. Mais plusieurs raisons font penser que les Calètes venus par la vallée de la Seine, rive droite, et les petites vallées qui vont directement à la mer parallèlement à la Seine, faisaient partie du rayonnement celtique dont nous avons placé le point de départ en avant des Alpes et formaient l’extrême droite des peuplades qui vinrent occuper la Bretagne et la Normandie actuelles. Le fait est que le pays de Caux est tout à fait normand de physionomie et de langage ; le type picard commence à sa limite septentrionale. Les cités armoricaines, surprises par la brusque apparition d’un lieutenant de César, se soumirent d’abord sans trop savoir ce qui leur arrivait, mais bientôt après elles se révoltèrent et ne furent domptées qu’après une lutte opiniâtre. Leurs oppida surtout opposèrent une formidable résistance au général romain.

C’est la Celtique proprement dite qui détermina les destinées de la Gaule entière. C’est là qu’une demi-civilisation indigène commençait à naître quand César vint en Gaule. Il y avait depuis assez longtemps du commerce, des routes, des institutions administratives et politiques, des partis en lutte pour le pouvoir. On y remarquait les Carnutes (pays chartrain), centre du druidisme, les Édyens (Autun), cité longtemps prépondérante, forte en cavalerie, dirigée par une aristocratie ambitieuse, diplomate, de bonne heure disposée à traiter avec Rome, se croyant appelée à dominer la Gaule entière