Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 35.djvu/283

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munités ecclésiastiques, elle se relâcha de sa raideur, et vola sans hésiter une subvention de 3,600,000 livres. Elle mit toutefois pour condition à cette libéralité, d’abord qu’une déclaration royale annoncerait qu’aucun nouvel appel extraordinaire de fonds ne serait fait dorénavant au clergé, ensuite qu’on abrogerait diverses mesures fiscales récemment introduites, notamment l’édit du huitième denier, qui n’avait reçu qu’une exécution partielle. La couronne trouva l’assemblée trop exigeante et n’accepta pas ces conditions. Il y eut de longs pourparlers entre les mandataires des deux parties. La reine et ses ministres voulaient tirer de l’assemblée beaucoup plus que celle-ci n’offrait ; ils tenaient ferme, et les députés s’apercevaient bien qu’il leur faudrait hausser leurs offres ; mais ils ne le firent que lentement et par degrés. Quand, dans une conférence, l’assemblée voyait le gouvernement rabattre un peu de ses prétentions, elle avait soin de rester toujours, dans ses propres concessions, au-dessous de ce qui était réclamé. Après force discussions, elle finit par consentir à une subvention de 4 millions de livres, au lieu des 3,600,000 offerts d’abord par elle ; mais elle rejeta absolument la condition que voulait mettre le gouvernement à son acquiescement à cette nouvelle proposition et qui était le maintien des mesures fiscales dont elle avait réclamé l’abrogation. Pour trouver cette grosse somme de k millions, l’assemblée éprouvait un grand embarras. Aussi, pendant que les conférences se poursuivaient, avait-elle discuté les différens moyens auxquels on pouvait songer pour fournir le subside et qui ne fussent pas des expédions ruineux. Si d’une part elle voulait éviter l’aliénation d’une portion des biens de l’église, de l’autre elle craignait d’accroître la contribution directe des bénéficiers. Tandis qu’elle se débattait dans cette pénible recherche, et était au moment de se voir condamnée à de durs sacrifices, les officiers des décimes lui vinrent heureusement en aide. Ils offrirent de faire un fonds de 1,400,000 livres, si l’on augmentait le total de leurs gages de 100,000 livres ; ils donnaient par là le moyen de recourir à un procédé alors fort usité pour se procurer de l’argent comptant : ils permettaient de tirer d’eux une somme dont ils avaient l’intention de se rembourser à la longue par l’augmentation des émolumens qui leur revenaient sur les décimes par eux levés. Mais l’offre ne parait pas à tous les embarras, et l’assemblée avait encore à aplanir d’autres obstacles pour régler ce qui concernait le subside promis. A la charge de qui devaient être les frais de perception, frais que l’usage où l’on était à cette époque de s’adresser à des traitans rendait considérables ? Le contrôleur général voulait qu’ils fussent supportés par le clergé, car ce corps, s’il les eût laissés au compte de l’état, aurait ainsi dimi