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« Non, la France ne passera jamais le Rhin, et ses armées ne le franchiront plus, à moins qu’il ne faille garantir l’empire germanique et ses princes, qui lui inspirent tant d’intérêt par leur affection pour elle et par leur utilité pour l’équilibre de l’Europe.

« Si ces on-dit sont nés de l’oisiveté, nous y avons assez répondu.

« S’ils doivent leur origine à l’inquiète jalousie de quelques puissances habituées à crier sans cesse que la France est ambitieuse pour masquer leur propre ambition, il est une autre réponse. Grâces aux deux coalitions successivement formées contre nous, et aux traités de Campo-Formio et de Lunéville, la France n’a à la proximité de son territoire aucune province qu’elle doive désirer de garder, et si dans les événemens passés elle a fait preuve d’une modération sans exemple dans l’histoire moderne, il en résulte pour elle cet avantage qu’elle n’aura plus désormais besoin de prendre les armes.

« Sa capitale est située au centre de son empire, ses frontières sont environnées de petits états qui complètent son système politique, elle n’a géographiquement rien à désirer de ce qui appartient à ses voisins, elle n’est donc en inimitié naturelle avec personne» et comme il n’existe pour elle ni une autre Finlande ni d’autres lignes de l’Inn, elle se trouve dans une situation qui n’est celle d’aucune autre puissance.

« Parallèlement à ces on-dit, ayant pour but de faire croire que la France a une ambition démesurée, on en fait circuler d’une autre espèce.

« Tantôt la révolte est dans nos camps : avant-hier trente mille Français ont refusé de s’embarquer à Boulogne; hier nos légions se battaient dix contre dix, trente contre trente, drapeau contre drapeau. On disait aux quatre départemens du Rhin que nous allions les rendre à leur ancienne domination.

« Aujourd’hui on dit peut-être que le trésor public est sans argent, que les travaux ont cessé, que la discorde est partout et que les contributions ne se paient nulle part. Si l’empereur part pour les camps, on dira peut-être qu’il court y apaiser des troubles.

« Enfin qu’il reste à Saint-Cloud, qu’il aille aux Tuileries, qu’il demeure à la Malmaison, ce sera autant de sujets de propos tous plus ridicules les uns que les autres.

« Et si ces bruits, simultanément colportés dans les pays étrangers, avaient à la fois pour but d’alarmer sur l’ambition de l’empereur et de s’enhardir en donnant quelque espoir sur la faiblesse De son administration, à des démarches inconvenantes et erronées, nous ne pourrions que répéter ce qu’un ministre a été chargé de dire en quittant la cour : L’empereur des Français ne veut la