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ont donné des chiffres compris entre 30 et 35 mètres pour la différence de niveau qui correspond à une augmentation de 1 degré. Il suffit d’ailleurs de constater que l’eau qui s’échappe des puits de Grenelle (548 mètres) et de Passy (570 mètres) est à la température d’environ 28 degrés, tandis que la température moyenne de Paris est de 10°, 6, pour en conclure que cette eau emprunte aux couches profondes du sol un peu plus de 17 degrés, ce qui fait à peu près 1 degré pour 32 mètres. Les forages beaucoup plus profonds de Neusalzwerk, près Minden, en Prusse (700 mètres), et de Mondorf, dans le grand-duché de Luxembourg (730 mètres), ont donné aussi une différence de 1 degré pour 30 ou 31 mètres.

La comparaison des températures notées par Walferdin, près du Creuzot, au fond d’un trou de sonde de 816 mètres de profondeur et dans un puits voisin, de 554 mètres (38°, 3 et 27%2), pourrait faire croire qu’à ces profondeurs l’accroissement est plus rapide que près de la surface du sol, puisque la différence observée est de 11 degrés pour 262 mètres, ce qui donne 1 degré pour 23m,6. Mais il ne faut pas oublier que des puits très voisins peuvent donner des résultats notablement différens : à Naples, d’après M. Mallet, deux puits artésiens très profonds, creusés à 1,600 mètres de distance l’un de l’autre, donnent respectivement 45 et 109 mètres pour la profondeur qui correspond à 1 degré de chaleur supplémentaire. Enfin les expériences thermométriques qui ont été faites en 1876 par M. Mohr, dans un puits de 4,000 pieds de profondeur, percé à travers un roc de sel à Speremberg, près de Berlin, ont conduit ce physicien à admettre que le taux de la progression se ralentit sensiblement à mesure qu’on descend au-dessous de la surface, conclusion conforme à celle que Fox avait déduite des observations faites dans les houillères anglaises. M. Mohr a cru remarquer que, depuis 700 pieds, où le thermomètre marquait 19°,6 cent., jusqu’à 3,300 pieds, où il marquait 46°,0, la différence de température correspondant à une différence de 100 pieds diminuait d’une manière régulière, de telle sorte qu’en continuant le sondage, on n’aurait plus trouvé, au delà de 5,000 pieds, qu’un accroissement à peine sensible. Mais M. A. Boue, qui a vivement contesté les conclusions de M. Mohr, a fait observer avec raison que les eaux d’infiltration ont pu abaisser considérablement la température des couches profondes, ce qui suffirait pour expliquer le ralentissement constaté par M. Mohr.

On emploie pour ces sortes de recherches les thermomètres à déversement, dont le réservoir se vide en débordant à mesure que la température s’élève ; le mercure resté dans la boule fait connaître le maximum qui a été atteint. C’est là le principe du thermomètre à maxima de Walferdin, du géothermomètre de Magnus, etc. Des