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thermomètres à minima, d’une construction différente, servent à déterminer la température des profondeurs océaniques, qui sont généralement plus froides que la surface. Les nombreux sondages qui ont été exécutés depuis quelques années par les expéditions scientifiques anglaises ont mis hors de doute ce fait, que le fond de la mer est partout à une température peu différente de zéro, et ce phénomène s’explique en admettant que les eaux froides sont entraînées au fond par leur poids spécifique, tandis que les eaux réchauffées par le soleil, et dilatées par la chaleur, restent à la surface. En faisant abstraction du trouble que les courans d’eaux chaudes tels que le Gulfstream apportent dans la distribution normale des températures, on peut donc dire que le lit de l’Océan est recouvert d’une eau glacée. Le fond des lacs d’eau douce est moins froid, parce que l’eau douce a un maximum de densité à 4 degrés : il en résulte que les masses liquides qui possèdent cette température sont entraînées au fond, tandis que les eaux plus chaudes ou plus froides montent vers la surface. En résumé, la partie de l’écorce terrestre qui est couverte par les eaux demeure à une température relativement basse par suite de la stratification que les variations de densité établissent au sein des liquides ; mais s’il était possible de pratiquer des sondages dans le lit des mers, on y trouverait sans doute le même accroissement de température qu’on a constaté dans le sol congelé de la Sibérie.

En moyenne, on admet généralement que l’augmentation est de 1 degré pour 30 mètres. Si cette progression se continuait indéfiniment, il est clair qu’à une profondeur de 2,700 mètres on devrait rencontrer la température de l’eau bouillante, et qu’au delà de 50 kilomètres la chaleur dépasserait 1,600 degrés, température à laquelle fondent le fer et la plupart des roches. C’est là l’argument principal de ceux qui soutiennent que l’écorce solide du globe n’a qu’une épaisseur de 40 ou 50 kilomètres, qui lui donne, par rapport au noyau liquide, l’importance de la coquille d’un œuf. Il est certain que l’accroissement de la température avec la profondeur, constaté par tant d’observateurs, fait invinciblement naître l’idée d’un foyer souterrain qui possède une énorme chaleur. Mais à quelle distance de la surface faut-il en chercher le siège ?

Les profondeurs que les sondages thermométriques ont explorées jusqu’à ce jour sont insuffisantes pour décider la question. Parmi les mines dont les travaux ont atteint une grande profondeur, on cite celles de Kitzbuhl, dans le Tyrol (900 mètres), de Kuttemberg, en Bohême (1,200 mètres) ; parmi les forages les plus profonds, ceux de Mondorf (730 mètres), de Mouille-Longe (920 mètres), de Speremberg (1,260 mètres), etc. Pourquoi n’essaierait-on pas de