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fait signe de l’œil aux matelots d’ouvrir les voiles au vent pour aller à grande vitesse à Constantinople. En attendant, Petit François montre toutes les belles raretés qui étaient sur le navire. Il y avait un très beau jardin avec des citronniers et toute sorte de plantes. Ils vont au premier étage, où il y avait un très beau salon avec un très beau déjeuner, très grand, et des chaises tout autour. On apporte des bouteilles, des confitures, des petits pâtés, d’autres choses semblables. — Vous devez vous rafraîchir, dit-il à la société du charbonnier. — Oh ! fait le charbonnier, beau ! beau ! belles choses ! Je n’ai jamais rien vu de pareil. Il en. est venu des bâtimens, mais non remplis de toutes ces belles raretés. — François dit : — Vos seigneuries viendront voir les autres étages. Elles doivent savoir que j’ai une terrasse et qu’autour de cette terrasse il y a quantité de vases où poussent des fleurs, des citronniers et des orangers. — Et ils montent sur la terrasse. Le charbonnier s’écrie alors : — Ah ! nous sommes ici dans les mains des assassins. — Petit François dit : — Comment ! dans les mains des assassins ? vous êtes dans les mains de deux jeunes gens comme il faut. — Ne voyez-vous pas qu’il y a maintenant d’ici à ma maison tant et tant de milles ? nous sommes dans les mains des assassins. — François tire de sa poche le petit portrait qu’il avait fait. — Prenez ce portrait- ci, comparez-le à vos deux filles, n’est-il pas ressemblant ? — C’est tout à fait ma fille aînée. — Donc vous n’êtes pas dans les mains des assassins, mon cher monsieur ; vous êtes dans les mains de deux jeunes gens comme il faut. Votre fille, je dois la conduire à Constantinople à son légitime époux, qui doit se marier avec elle. — Si c’est comme ça, allons de l’avant. — Elle doit tomber dans les mains d’un grand monsieur, le plus riche qui soit à Constantinople.

En avant, en avant, en avant ! Le navire allait comme la foudre. Quand on fut sur le point d’arriver à Constantinople, Petit François fit tirer un coup de canon comme pour dire : — Place ! voici le Petit François ! — Voici Petit François ! dit monsieur Jean. — Il sort de son palais, prend un petit navire et court à la rencontre du bâtiment Petit François, qui le voit, va aussi vers lui. Quand ils sont tout près, ils s’embrassent. — Qu’as-tu fait, François ? — Eh ! j’ai fait tout ce que vous m’aviez commandé. — Donc on peut voir l’épouse que je dois prendre. — Je crois bien. — Il court à la porte de la chambre et frappe. — Qui est là ? — Rosine, c’est votre légitime époux, celui qui doit l’être et qui veut vous voir. — Elle répond : — Je finis ma toilette et je vais dans ses bras. — Voici la Rosine qui sort : elle sort, la Rosine. Lui, qui la voit, vous pouvez penser les complimens et tout, Il demande : — Qui est celui-ci ? —