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cette illustration. Mais… barbarus hic ego sum, et quand nous trouvons ces chromolithographies un peu lourdes, quelques-unes même mal venues ou médiocrement composées, il est évident que c’est nous qui manquons de goût. Nous en louerons au contraire, sans restriction, la partie gravée dans le texte, nous louerons surtout là méthode qui y préside et d’après laquelle on n’admet à l’honneur d’illustrer ce texte que les pièces originales et les documens contemporains. À peine ai-je besoin d’ajouter que, comme dans les précédens volumes, les modes et costumes de l’époque contribuent, à l’illustration pour la plus large part.

Il faut croire que cette question du costume nous tient singulièrement à cœur. Serions-nous de l’avis de ce philosophe qui datait de l’invention du pantalon et de sa substitution à la culotte une des grandes révolutions de l’histoire ? Toujours est-il que voici encore un volume sur cette grande question : le Costume au moyen âge d’après les sceaux. Ce d’après les sceaux vous indique, à n’en pouvoir douter, que la question est du domaine des érudits. Ceux-ci s’appellent sigillographes. Je m’étonne un peu qu’on ait choisi ce moment de l’année pour faire paraître un ouvrage assurément très curieux et vraisemblablement très bien fait, mais assurément aussi d’un intérêt bien spécial. Combien sommes-nous, entre le 15 décembre et le 1er  janvier, qui nous préoccupions de savoir comment Mabaut, comtesse d’Évreux, vers l’an 1160, mettait sa chainse et son bliaud ? Le livre de M. Demay n’appartient donc qu’à peine à cette rapide revue des livres d’étrennes, et nous ne l’eussions pas mentionné si le format, l’exécution matérielle, qui est fort belle, et l’illustration très sévère, très minutieuse et très bien faite, ne nous en avaient en quelque manière imposé l’obligation. Il y a deux chromolithographies[1].

C’est ce genre d’illustrations tirées des monumens eux-mêmes qui fait une véritable nouveauté de la réédition de l’Histoire romaine de M. Duruy[2]. Quelle est la valeur du livre de M. Duruy, nul ne l’ignore. Ce livre est toute la vie d’historien de M. Duruy, et quand on considère ce qu’il y a mis de labeur, de conscience et de talent, on peut prédire qu’il durera. C’est le plus large tableau qu’on ait tracé de l’histoire romaine, c’en est le plus complet, puisque c’est le seul que l’on ait conduit, avec ce détail, depuis les origines fabuleuses de la ville éternelle, jusqu’à l’invasion des barbares, c’en est le plus vivant surtout, grâce à l’intérêt et à l’habileté de l’illustration. Paysages diversement célèbres, monnaies et médailles, monumens de l’architecture, bustes et statues, reproductions des peintures de Pompéi, tombeaux, bas-reliefs, jusqu’aux ustensiles de ménage, rien n’y manque et rien ne ressemble

  1. Le Costume au moyen âge d’après les sceaux, avec 600 gravures, par M. G. Demay, 1 vol. in-8o ; Dumoulin.
  2. Histoire romaine depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’invasion des barbares, par M. Victor Duruy, t. II, 1 vol. gr. in-8pr 665 gravures, 10 chromolithographies.