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devoir publier, nous ne savons trop pourquoi. Quoi qu’il en soit, on comprendra que nous ne puissions accepter les yeux fermés un tableau qui semble avoir si grand’peur du jour. Nous devons le contrôler et nous assurer qu’il ne contient pas quelque erreur ou tout au moins quelque équivoque.

Sur les deux premiers chiffres, pas d’observations. C’est bien à 39 et 31 qu’ils se portent, et l’écart entre le nombre des vœux favorables et celui des voix contraires est bien de 8. L’addition est parfaitement exacte.

Mais, à côté des conseils généraux qui se sont prononcés dans la forme de vœux, il y a ceux qui ont manifesté leur opinion par le moyen de la question préalable ou de l’ordre du jour, et il y a ceux qui se sont abstenus. La statistique officielle n’en a pas tenu compte ; elle s’est contentée de les placer dans une colonne à part en regard de celle des vœux contraires et des vœux favorables. Elle n’a pas essayé de les classer dans l’une ou l’autre catégorie. Cela n’eût pourtant pas été bien difficile : il n’y fallait qu’un peu d’attention. Voici par exemple le département de l’Aude qui figure à la colonne de question préalable. En effet, le conseil général l’a votée, mais dans quelles conditions ? Un vœu contraire avait été déposé par la droite, et la question préalable était proposée par la gauche. On passe aux voix ; le scrutin donne 15 contre 13. Conclusion : la majorité du conseil général de l’Aude est acquise aux projets de loi du ministre de l’instruction publique. C’est clair, c’est incontestable. Cependant le conseil général de l’Aude ne figure pas à la colonne des vœux favorables. Pourquoi ? C’est qu’en bonne justice et par contre il eût fallu placer dans la colonne opposée les conseils généraux du Lot-et-Garonne, du Puy-de-Dôme, du Cantal, de la Haute-Loire et de l’Oise, qui tous ont exprimé, soit par la question préalable, soit par des ordres du jour, une opinion manifestement contraire aux projets ministériels.

Prenons d’abord le conseil général du Lot-et-Garonne et voyons comment s’y sont passées les choses. Deux membres de la droite déposent un vœu en faveur de la liberté d’enseignement. La question préalable est proposée et votée par 16 voix contre 13. Mais avant de la voter, M. Paye, sénateur, et plusieurs de ses amis appartenant à l’opinion républicaine modérée, font les plus expresses réserves et se déclarent partisans de la liberté d’enseignement « telle que l’avait établie la loi de 1850. »

Dans le Puy-de-Dôme, c’est un député, M. Bardoux, qui fait une déclaration analogue. Le préfet ayant demandé la question préalable sur un vœu de M. de Barante, l’honorable ancien ministre de l’instruction publique a soin de faire remarquer que ce vote n’implique « en aucune façon l’adhésion au fond et l’acceptation du