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plus grands problèmes de l’économie rurale : la préservation des propriétés contre le danger des inondations, la répartition la plus profitable des diverses cultures et la production de la viande portée à son maximum.


III

Une des branches de l’agriculture qui, dans les dernières années, a fait le plus de progrès en France est l’élève du bétail. C’est une industrie complexe et qui veut qu’on tienne compte non-seulement des circonstances physiques, mais aussi des conditions économiques au milieu desquelles on se trouve. Ainsi que l’a parfaitement démontré M. Sanson dans son Traité de zootechnie, il ne s’agit pas pour le cultivateur de produire des animaux conformes à un type considéré comme parfait, mais des animaux qui devront lui donner le plus grand bénéfice possible.

Sans entrer dans aucune considération métaphysique, nous désignerons par le mot race un groupe d’animaux qui, dans une espèce donnée, se reproduit avec des caractères typiques déterminés. Les races se sont fixées par une longue suite de générations se développant dans le même milieu et soumises aux mêmes influences ; elles peuvent se modifier ou se perfectionner par l’éducation, par la nourriture et surtout par la sélection, c’est-à-dire par le choix des reproducteurs ; mais il est à peu près admis aujourd’hui, par les éleveurs comme par les zootechniciens, qu’on ne peut en créer une nouvelle par le croisement de deux autres. Les métis qu’on obtient ainsi reproduisent en général le caractère de celui des parens qui appartient à la race la plus ancienne, et c’est à celle-ci que retournent, après quelques générations, les produits des métis entre eux. Il y a plus, le mélange du sang de deux races, au lieu de s’opérer uniformément, de façon à ce que le produit dans chacune de ses parties participe de l’une et de l’autre, se fait souvent d’une manière irrégulière et donne parfois des résultats monstrueux. En attendant qu’on connaisse mieux les lois de l’hérédité, il est préférable de s’en tenir à la sélection, qui du moins n’expose à aucun mécompte. Ce qu’il importe de rechercher dans les animaux qu’on veut obtenir, ce sont, outre certaines qualités générales que tous les individus d’une même espèce doivent posséder, les qualités spéciales aux services qu’on attend d’eux.

Pour commencer par l’espèce chevaline, en ne tenant compte que des fonctions auxquelles on la destine, on distingue le cheval de selle, le cheval d’attelage ou carrossier, le cheval de trait léger et le cheval de gros trait. Le type de la beauté plastique comme cheval de selle est le cheval arabe. C’est celui-ci qui, importé en