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morvandelle, qui disparaît devant la charolaise, plus facile à engraisser.

Les races laitières sont confinées dans les régions du nord de la France et ne descendent guère au-dessous du 47e degré. Les principales sont la race bretonne, la race normande et la race flamande ; la première est très sobre, d’une grande puissance lactifère et de petite taille ; n’ayant guère pour se nourrir que les bruyères de la lande qu’elles parcourent en liberté, les vaches ne rentrent à l’étable que pour la traite du lait. Elles sont livrées au taureau sans que les éleveurs se préoccupent d’autres conditions que celle du pelage, qu’ils tiennent à conserver noir ; elles vêlent le plus souvent en plein air sans recevoir d’autre nourriture qu’un peu de pain mouillé d’eau tiède. Depuis quelque temps cependant, on cherche à les améliorer, soit par des soins mieux entendus, soit par des croisemens avec les races normande, suisse et même durham, Les résultats obtenus ont été satisfaisans partout où l’agriculture est assez avancée pour donner une alimentation abondante, mais dans les contrées pauvres, la race bretonne pure est restée incomparablement supérieure. La race normande, qui s’est développée dans les herbages du littoral de la Manche, fournit des vaches laitières à tout le bassin inférieur de la Seine et des bœufs gras au marché de Paris. Elle se répand dans les départemens voisins partout où la production du lait est la principale industrie. Celui qu’elle fournit est en effet de très bonne qualité et donne un beurre renommé. Elle a des qualités assez précieuses pour avoir échappé à peu près aux croisemens ; la sélection a suffi pour l’améliorer. Plus laitière encore que la normande est la race flamande, mais son lait est moins gras et plus aqueux ; certaines vaches, dans les momens de forte lactation, donnent jusqu’à 35 litres par jour. Mentionnons encore la race jurassienne avec laquelle se fait l’exploitation des fruitières, la race tarentaise, et la race schwytz, qu’on a introduite dans nos départemens de l’est. Il en est de la production du lait comme du travail, qu’il ne faut pas prolonger au-delà de six ou sept ans ; à cet âge, les vaches doivent être engraissées et livrées à la boucherie, c’est le meilleur parti qu’on puisse en tirer.

On voit d’après ce qui précède que, partout où nos races indigènes sont en harmonie avec la situation agricole des régions qu’elles occupent, on n’a aucun bénéfice à retirer de leur croisement avec les races étrangères ; c’est par la sélection, l’alimentation et la gymnastique fonctionnelle qu’il faut les perfectionner, car l’amélioration du bétail doit suivre et non précéder celle du sol.

Les animaux de l’espèce ovine peuvent, comme ceux de l’espèce