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Le porc n’est bon qu’à l’alimentation : c’est l’animal de la petite culture, la viande des petits ménages ; peu difficile sur la nourriture, il permet d’utiliser tout ce qui sans lui serait perdu, comme les eaux grasses et le petit-lait. Bien que dans certains départemens il soit l’objet d’un élevage et d’un commerce assez importais, il n’est qu’un accessoire dans la culture. Les races indigènes sont très mélangées et très difficiles à définir, et bien qu’elles aient acquis une plus grande précocité par le croisement avec les races anglaises, il n’est pas prouvé qu’elles y aient gagné, car la viande est devenue plus spongieuse et moins succulente.


IV

Les opérations de l’agriculture nécessitent une énorme quantité de travail, auquel concourent les forces de l’homme, celles des animaux et celles des moteurs mécaniques. Il importe donc de savoir dans quelles circonstances il faut avoir recours aux unes ou aux autres pour obtenir le même résultat avec le moins de dépenses possible. Les progrès de la mécanique, comme ceux de l’agriculture, ont permis de substituer de plus en plus au travail de l’homme celui des animaux ou des forces naturelles et de décharger l’humanité d’un de ses plus rudes labeurs. Depuis vingt années, les progrès à cet égard ont été considérables. Avant 1860, il n’existait pour ainsi dire pas en France une seule locomobile : il y en a maintenant plus de 4,000 ; on comptait à peine quelques machines à battre : il y en a 150,000, et le nombre va toujours en augmentant.

Ainsi que le fait remarquer M. Hervé-Mangon dans son bel ouvrage sur les Machines agricoles[1], auquel nous empruntons une partie des détails qui vont suivre, le travail mécanique développé chez les êtres vivans est le résultat de la chaleur produite par la combustion des alimens dans l’organisation, et l’on peut calculer exactement la quantité qui en est nécessaire pour produire un effort déterminé. Le travail fourni par l’homme pu l’animal n’est qu’une fraction de celui qui serait exécuté si la totalité de la chaleur produite était transformée en mouvement ; mais cette fraction est d’autant plus élevée que le moteur agit dans des conditions plus conformes à ses habitudes et à sa nature. C’est ce qui explique l’influence considérable de l’exercice et de l’entraînement, car la répétition des mêmes efforts augmente les forces et diminue la fatigue éprouvée dans l’origine.

La population agricole, d’après le dernier dénombrement, est de

  1. Traité de génie rural. — Les Machines agricoles, par M. Hervé-Mangon.