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ensuite ; mais ce n’est guère qu’en 1854 que M. Fowler exposa pour la première fois un appareil réellement pratique. D’après son système, la charrue a plusieurs socs et peut, en se basculant, labourer dans les deux sens ; elle est mue par deux machines à vapeur automobiles, placées aux deux extrémités du champ, qui la tirent alternativement, au moyen d’un câble enroulé sur un tambour et qui se meuvent parallèlement sur les deux rives opposées, à mesure que l’opération s’avance. Un autre système imaginé par M. Howard permet de n’employer qu’une seule machine. Divers perfectionnemens ont en outre été apportés par d’autres constructeurs, en sorte qu’on peut aujourd’hui considérer ces appareils comme entrés dans la pratique. Il y en a en Angleterre plusieurs centaines qui fonctionnent régulièrement et qui sont surtout employés comme défonceuses pour défricher les terrains incultes. En France, bien que M. Debains ait inventé une machine plus simple que les machines anglaises, il en existe à peine quelques-unes, parce qu’on ne considère pas encore les résultats obtenus comme concluans. Il ne faut pas se dissimuler d’ailleurs que l’emploi de ces charrues modifiera nécessairement le système de culture, puisqu’en se substituant au bétail, elles diminueront la production du fumier dans les fermes. Elles ne pourront donc, au moins d’ici à quelque temps, être utilisées avec avantage que dans les exploitations situées à proximité des villes qui, fournissant des engrais en abondance, offrent des débouchés assurés aux produits industriels que l’emploi de ces engins permet de cultiver. Quelles que soient les modifications qu’elles devront provoquer, il y a un si grand bénéfice à faire usage de ces machines qu’on peut être assuré de les voir tôt ou tard se répandre dans nos campagnes. Une conséquence en sera l’organisation, chez nous comme en Angleterre, de sociétés entreprenant à forfait les opérations de labourage. Tout récemment même, des expériences qui paraissent avoir réussi ont été tentées pour remplacer comme force motrice la vapeur par l’électricité.

Un des instrumens les plus utiles en agriculture est le semoir, non-seulement à cause de la rapidité et de la perfection avec laquelle il exécute l’importante opération de l’ensemencement des terres, mais aussi à cause de l’économie de graines qu’il procure. M. Hervé-Mangon évalue la quantité de graines employées à l’ensemencement à 15 millions d’hectolitres de froment, 3,900,000 hectolitres de seigle, 2,300,000 hectolitres d’orge, 8,000,000 d’hectolitres d’avoine, 547,000 hectolitres de sarrasin et 227,000 hectolitres de maïs, représentant une valeur totale d’environ 500 millions de francs ; aussi conçoit-on que la plus petite économie sur la graine employée accuse au pays un bénéfice considérable. Or