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été mis en labours ou transformés en prairies. La culture des céréales a de tout temps été la culture dominante de la France, fait qui s’explique aussi bien par les conditions de sol et de climat où elle se trouve que par les habitudes de la population, qui consomme plus de pain qu’aucune autre. Cette culture peut donc servir de critérium pour faire apprécier la situation agricole dans son ensemble. De 1840 à 1849, on a cultivé en moyenne 5,768,000 hectares qui ont produit 79,572,000 hectolitres, soit 13 hect. 71 par hectare ; de 1850 à 1860, 6,329,000 hectares qui ont produit 88,684,000 hectolitres, soit 14 hect. 01 par hectare ; de 1860 à 1869, 6,896,000 hectares qui ont produit 98,447,000 hectolitres, soit 15 hect. 72 par hectare. Il y a donc eu un progrès continu, non-seulement dans l’étendue des terres emblavées, mais aussi dans le rendement. Il en a été de même pour tous les autres produits de la terre. L’avoine qui, pendant la période de 1851-1859, avait donné en moyenne 67,000*000 d’hectolitres, a fourni, d’après la Statistique de M. Block[1], pendant la période 1860-1869, 74,500,000 hectolitres ; la récolte des pommes de terre a passé de 82,000,000 d’hectolitres à 111 milliards celle des betteraves de 44 millions de quintaux à 50 millions. L’étendue cultivée en vignes a augmenté de 200,000 hectares et la production. du vin, qui était de 30 millions d’hectolitres pendant la première période, s’est élevée à 110 millions pendant la seconde ; il est vrai que, depuis lors, elle a sensiblement diminué par suite des ravagés du phylloxéra. L’étendue des prairies naturelles ou artificielles s’est également accrue, ainsi que le prouve, à défaut de renseignemens plus précis, l’augmentation du nombre des animaux.

La population chevaline, qui, en 1862, était de 2,904,000 têtes, s’est élevée en 1866 à 3,312,000, pour retomber en 1872 à 2,882,000 par suite des ravages de la guerre et de la cession de l’Alsace-Lorraine. Le nombre de têtes de l’espèce bovine, qui était de 10,955,000 en 1862, s’est élevé à 12,733,000. Par contre, le chiffre des moutons a diminué, il a passé de 32,700,000 àa 24 millions ; mais cette diminution, loin d’être un signe de décadence, prouve au contraire qu’on s’attache, de. plus en plus à produire des animaux de race précoce. Il est clair que, si les moutons qu’on élève ne demandent plus que deux ans, au lieu de quatre, pour atteindre tout leur développement, on peut avec un nombre de têtes moitié moindre, obtenir la même quantité de viande que par le passé. D’autre part, on sait que le mouton est souvent une cause de ruine dans les pays de montagnes et que les efforts des pouvoirs publics tendent, dans certaines régions, à lui

  1. Statistique de la France, par M. Maurice Block, 2e édition, 1874 ; Guillaumin.