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aux marchandises qui ne font que traverser le territoire. Et de même pour les tarifs d’exportation, internationaux, de soudure, etc.

Tous ces noms particuliers n’ont pour but que de déterminer plus particulièrement l’objet du tarif spécial, mais les principes que nous avons indiqués s’appliquent indistinctement à tous ces tarifs.


II.

Les tarifs généraux répondent à des besoins isolés et qui, individuellement, sont peu intéressans; aussi sont-ils invariables. Fixés une fois pour toutes à l’origine de l’exploitation du réseau, ils sont encore les mêmes aujourd’hui et n’ont subi d’autres modifications que celles qu’entraînait l’ouverture des nouveaux tronçons. Les tarifs spéciaux au contraire sont ceux qui sont utilisés par l’industrie; ils représentent la grande masse des transports; aussi n’y a-t-il pas de jour qui n’en voie surgir un nouveau à la demande du commerce et de l’industrie. Leur préparation donne lieu à des débats continuels entre le commerce et les compagnies; mais il ne faudrait pas croire que leur rédaction soit livrée à l’arbitraire, et il y a certaines règles générales dont il est impossible de s’écarter. Il est bon que le public connaisse ces règles et sache quelles sont les considérations qui influent sur les tarifs. Il n’y a pas de question industrielle dans laquelle la vérité soit plus méconnue et qui donne lieu à de plus grandes hérésies.

Nous sommes, en France, extrêmement ignorans de tout ce qui touche à l’économie politique. Malgré les efforts d’un petit nombre de savans, malgré quelques publications périodiques intéressantes, les questions économiques sont l’apanage de quelques adeptes. M. de la Gournerie prend pour épigraphe de son étude ce mot de Bastiat : « La science économique se résume dans le mot valeur, dont elle n’est que la longue explication. » Dire que la valeur d’un produit, c’est ce qu’il vaut, a l’air d’un axiome digne de M. de la Palisse; et cependant, c’est faute d’en comprendre la portée eu on arrive trop souvent aux combinaisons les plus étranges.

Toute transaction, toute opération commerciale se résume en trois termes : l’offre émanant de celui qui détient l’objet de la transaction ; la demande émanant de celui qui désire s’en rendre acquéreur ; la réalisation de la transaction, moyennant une soulte qui constitue le troisième terme, ou la valeur de l’objet. Le libraire édite un livre, il le met à sa devanture, il l’offre. Le client désire l’acheter, il le demande. Entre les deux parties s’établit un débat, un marchandage, et finalement l’objet change de main, moyennant