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la recherche sans bornes, et de l’investigation sans limites. Il a manqué à la science du poète, comme il a manqué à la conscience de ses contemporains…


Soit fatigue, soit besoin de se recueillir, le prince Silvio, arrivé à cet endroit du discours, garda un silence prolongé que l’auditoire ne crut point devoir troubler. Seule la comtesse, accoudée comme toujours au piano, laissa au bout de quelques instans, errer sa main gauche sur les touches d’ivoire, et finit par entamer une harmonie douce et ondoyante dans laquelle les assistans ne tardèrent pas à reconnaître la cadence plagale du célèbre Credo de la Messe du pape Marcel. Ils y reconnurent également une de ces ingénieuses et délicates attentions dont la châtelaine avait le secret : elle semblait vouloir donner ainsi la plus digne réplique musicale à la chaleureuse apologie que le prince venait de faire de l’intégrité de la foi d’Alighieri. S’inspirant de la même pensée, le marchese Arrigo s’enhardit de son côté, aussitôt qu’eut résonné la dernière note de la musique de Palestrina, à réciter sotto voce la belle paraphrase du symbole des apôtres que Dante prononce au paradis devant saint Pierre :

<poem>…. Credo in uno Dio Solo ed eterno, che tutto il ciel move, Non moto ; con amore e con disio ;

E a tal creder non ho io pur prove Fisice e metafisice, ma dalmi Anche la verità che quinci piove

Per Mohsè, per profeti, e per salmi, Per l’evangelio, e per voi che scriveste, Poichè l’ardente Spirto vi fece almi ;

E credo la tre persone eterne, e queste Credo una essenzia si una et si trina, Che soffera congiunto sunt et este.

Della profonda condizion divina Ch’io tocco mo, la mente un sigilla Più volte l’evangelica dottrina.

Quest’è il principio, quest’è la favilla Che si dilata in flamma poi vivace, E, come Stella in cielo, in me scintilla[1].


JULIAN KLACZKO.

  1. Parad., XXIV, 130-147.