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humide. C’est encore à la même cause qu’il faut souvent rattacher la production des sables cristallisés. Les porphyres feldspathiques des Vosges, par exemple, se sont épanchés dans les mers permiennes et ont passé en partie à l’état terreux en perdant leur silicate alcalin, dont la décomposition a donné le quartz cristallisé du grès des Vosges ou du grès bigarré. Mise ainsi en lumière par l’expérimentation, l’action hydrothermale, qui n’exige point une haute température, explique de la manière la plus heureuse la formation des silicates dans les roches éruptives et la plupart des phénomènes du métamorphisme.

Plus on constate, par les émanations volcaniques ou par les expériences précitées, le rôle immense de la vapeur d’eau dans les éruptions comme dans le métamorphisme, plus on est conduit à se demander si les eaux superficielles ne pénètrent pas à travers l’écorce terrestre pour alimenter cette dépense incessante. On ne pourrait penser cependant qu’elles cheminent simplement par les fissures béantes, car à peine, dans les profondeurs, la vapeur aurait-elle atteint une tension suffisante, qu’elle reviendrait au jour par les mêmes voies, sans s’ouvrir d’issues nouvelles, à moins que les fissures d’accès ne vinssent à se fermer à ce moment précis, ce qui ne saurait être le cas général. Mais n’était-il pas permis de croire qu’en imbibant les roches l’eau obéit aux lois de la capillarité dont M. Jamin a si bien montré l’influence considérable sur les conditions de l’équilibre qui s’établit par l’intermédiaire d’un corps poreux entre deux pressions opposées? Il restait toutefois à rechercher expérimentalement ce qui arriverait, si dans une partie du parcours capillaire la température s’élevait assez pour réduire le liquide en vapeur et le soustraire aux lois en vertu desquelles il s’était infiltré. A cet effet, M. Daubrée s’est servi d’une plaque de roche qui formait à la fois le fond d’un récipient rempli d’eau et le toit d’une chambre à vapeur. Quand l’appareil est porté à 160 degrés et que la chambre est close, il s’établit un appel capillaire à travers la roche, et une tension de vapeur se manifeste au manomètre. Elle égale deux atmosphères environ, mais elle devient tout à coup très considérable, si la plaque cesse d’être maintenue relativement froide par l’eau qui la recouvre. On peut reconnaître par le jeu de l’appareil que l’alimentation se continue malgré la contre-pression : loin de refouler le liquide, la vapeur en favorise plutôt le passage de la partie froide vers la région qu’elle échauffe. La situation des volcans actuels, alignés le long des rivages de l’Océan, l’abondance de la vapeur et du sel marin dans leurs émanations, obligent à admettre que l’infiltration des eaux de la mer est la cause déterminante des phénomènes volcaniques, et l’influence de la capillarité permet enfin de comprendre quel a dû être le mécanisme