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de cette infiltration. Une roche poreuse plus ou moins voisine de la mer a pu jouer le même rôle que la plaque de l’expérience : grâce à elle, la vapeur dans les cavités profondes aura acquis la tension nécessaire pour soulever des colonnes de lave et les forcer à s’ouvrir un passage dans les points faibles où l’écorce terrestre fendillée offre moins de résistance. Il se peut d’ailleurs que le siège de l’action volcanique, au moins dans sa dernière phase, ne soit qu’à une faible profondeur. Ce qui vient confirmer cette manière de voir, c’est que les volcans dont l’activité éphémère s’est éteinte, ceux de l’Eifel, ceux de l’Auvergne entre autres, étaient placés, comme ceux d’aujourd’hui, à côté de grands épanchemens de roches poreuses, telles que les trachytes et les basaltes. Le surgissement soudain du Jorullo s’est effectué encore dans les mêmes conditions, au pied de l’escarpement basaltique des plateaux du Mexique. On voit par là combien l’expérimentation méthodique peut jeter de jour sur les questions les plus controversées de la géologie, et cet exemple nous servira de transition naturelle entre l’étude des faits chimiques et l’examen des phénomènes mécaniques.


II.

La mer qui bat ses rivages, le fleuve qui roule sur son lit, le glacier qui polit son fond, triturent et charrient des matériaux variés ; l’écorce terrestre se fendille, se rompt et se déforme comme le ferait une marqueterie par le jeu mutuel de ses pièces ; sous l’effort de pressions gigantesques, les roches se laminent et deviennent feuilletées, tandis que la chaleur dégagée par ces mêmes actions provoque les phénomènes du métamorphisme. Tous ces effets mécaniques des forces internes ont été l’objet d’études expérimentales qui en précisent les particularités.

Ainsi, en faisant rouler des cailloux anguleux avec de l’eau dans un cylindre dont on compte les tours, on constate que l’usure est d’abord rapide, surtout pour les feldspaths. Après 25 kilomètres de parcours, les fragmens de granité sont transformés en galets identiques à ceux de la nature et n’éprouvent plus d’usure sensible. Le produit principal de la trituration n’est pas du sable, mais du limon. Impalpable, plastique, fusible, s’il provient de roches feldspathiques, ce limon, qui a perdu de la potasse et fixé de l’eau, ressemble aux argiles schisteuses du terrain houiller et surtout à certains schistes de transition qui, d’après M. Bischof, ont en effet la composition du granité comme s’ils n’étaient que la boue des