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bords de ces cassures jouent quelque peu, et les assises ne se correspondent plus d’un côté à l’autre. Une couche de houille, un filon de minerai, après leur rencontre avec une de ces fractures, semblent manquer, et c’est au-dessus ou au-dessous du niveau primitif qu’il en faut rechercher le prolongement. C’est ce manque qui, dans notre vieux français, a valu à la cassure le nom de faille. A côté apparaissent, dans les bancs des carrières ou dans les escarpemens rocheux, les joints, moindres en importance, mais extrêmement nombreux et coordonnés aussi par faisceaux en cassures rectilignes et parallèles. Ces faisceaux se croisent souvent presque à angle droit et donnent lieu alors à une division naturelle en prismes carrés. Tantôt on a voulu voir dans cette structure l’effet d’un retrait comme celui qui crevasse par assèchement les couches argileuses du gypse de Montmartre, ou qui transforme par refroidissement les coulées basaltiques en colonnades gigantesques ; tantôt on a cru l’expliquer par un clivage ou une cristallisation. Mais, malgré l’autorité qui s’attache aux travaux récens du professeur William King, il faut avouer que l’analogie ne saurait être que bien lointaine entre les forces qui groupent, sous une forme cristalline spéciale à chaque substance, des molécules de même espèce, et les actions de polarité, attribuées assez gratuitement au magnétisme terrestre, qui auraient opéré une division prismatique à travers les élémens les plus hétérogènes. Ici, comme précédemment, on est conduit bien plutôt à comparer ces ruptures à celles que subissent les matériaux incapables de résister aux pressions ou aux tensions auxquelles on les soumet. L’origine mécanique des failles et des joints est en outre indiquée par une foule de traits accessoires, par exemple par des indices de frottemens et de cisaillemens le long des parois rompues. Mais sur ce point, plus peut-être que sur tout autre, l’expérimentation s’est montrée ingénieuse et féconde.

Par suite des bossellemens et des contournemens qu’elle éprouve, l’écorce terrestre subit constamment, dans son épaisseur, des torsions et des tensions; il fallait donc rechercher d’abord quels sont les effets de rupture produits par la torsion. Une plaque de glace, mince, longue, étroite, est solidement encastrée par ses bouts dans une monture en bois ; un fort papier collé sur les faces empêche la projection des éclats et une manivelle permet de tordre l’une des extrémités. La rupture ne tarde pas à se produire, mais non pas au hasard. Les cassures, qui apparaissent en grand nombre, forment deux systèmes conjugués, également inclinés sur l’axe de torsion et à peu près rectangulaires entre eux. Elles s’opèrent suivant des surfaces gauches dont le plongement varie d’une