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mais leur importance s’est accrue en proportion. Plusieurs d’entre elles, telles que la banque d’Ecosse et la banque royale d’Ecosse, marchent de pair avec les premières banques d’Angleterre. Au 1er janvier dernier, les dépôts de la banque d’Ecosse s’élevaient à 290 millions, ceux de la banque royale à près de 250 millions et ceux de la banque nationale à 265. A la même époque, le capital versé et les réserves des onze banques d’Ecosse dépassaient 347 millions et leurs dépôts 1,585 millions.

L’Ecosse a toujours été libre; l’Irlande n’est émancipée que depuis cinquante ans. Dès 1695, les marchands de Dublin sollicitaient l’autorisation de fonder une banque, elle leur fut refusée. Même refus en 1720; l’oppression était encore trop excessive pour accorder à l’opprimé les avantages des banques. Partout les banques, à raison de la puissance et de l’indépendance inhérentes au capital, ont été ou dissoutes, ou interdites, ou ruinées par les gouvernemens oppressifs. En 1743, l’autorisation fut cependant accordée à la condition que les associés n’atteindraient pas au nombre de neuf et que le capital ne dépasserait pas 10,000 livres; on considérait encore les banques comme les sociétés secrètes. Jusqu’en 1783, il n’y eut en Irlande que des private bankers. Enfin, en 1783, le gouvernement anglais, devenu moins tyrannique, autorisa la fondation de la banque d’Irlande, avec un capital de 600,000 livres porté plus tard à 3 millions de livres. Les succès de cette première banque encouragèrent l’établissement de celle de Belfast, 1784, Hibernian, 1825, capital 1,000,000 livres et Provincial Bank of Ireland, 1829, capital 2,000,000 livres. Il existe actuellement en Irlande neuf banques par actions, — avec cinq cents succursales, capital versé et réserves 205 millions, dépôts 450 millions. Il suffit de comparer ces chiffres avec ceux fournis par les banques d’Ecosse pour se rendre compte de la différence de richesse et de civilisation des deux contrées, 1,585 millions de dépôts dans les banques d’Ecosse et 450 seulement dans les banques d’Irlande.

La prospérité exceptionnelle des banques d’Ecosse, le développement de celles d’Irlande, la reprise des affaires avec le rétablissement de la paix en 1815, ramenèrent nécessairement l’attention publique sur les privilèges de la banque d’Angleterre. Dès la fin du XVIIIe siècle, à l’époque surtout de la suspension du remboursement en espèces des billets de la banque, les termes de la concession de 1709, reproduits pendant plus d’un siècle par les prorogations successives, furent soumis à une vérification sévère. On reconnut que les dispositions relatives au droit d’association ne s’appliquaient qu’aux banques profitant de la faculté d’émission.

Cette interprétation tardive n’en fit pas moins peu à peu son chemin dans le monde des affaires. En 1822, elle fut ratifiée par