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grande cité : le Château Borély, immense construction Louis XIV, située au milieu d’un parc, au Prado, près de la mer, et le Palais des Arts, ce magnifique monument dont on s’est si maladroitement inspiré pour le palais du Trocadéro. Les musées de Montpellier, de Tours, d’Avignon, sont vastes, bien aménagés, d’un bel aspect. Le musée d’Amiens est un grandiose édifice; le grand escalier, à double révolution, est décoré des belles peintures de Puvis de Chavannes: la Paix, la Guerre, l’Eté, l’Automne, qui ressortent admirablement dans le cadre sévère des parois et des colonnes de pierre. On achève le musée de Bordeaux; à Rouen, à Nîmes, on s’occupe à transporter les tableaux de l’ancien dans le nouveau musée. Toulouse vient de voter trois millions pour la construction d’un musée. Les villes moins riches ou moins généreuses ont dû placer leurs collections soit dans des églises fermées au culte et autres bâtimens plus ou moins bien aménagés en musées, soit dans un certain nombre de salles de l’hôtel de ville. Ceci est le cas presque général. La très grande majorité des musées de province occupent, suivant leur importance, une salle, un étage ou une aile de l’hôtel de ville. Si pareille installation est parfois misérable, elle est parfois très belle quand l’hôtel de ville est comme à Dijon l’ancien palais des états de Bourgogne, comme à Caen l’ex-couvent des eudistes, comme à Narbonne, l’ancien évêché, moitié palais et moitié forteresse.

Les musées communaux reçoivent des allocations du conseil municipal ; ils ne reçoivent que tout à fait exceptionnellement des allocations du conseil général. Les allocations municipales varient selon la richesse des villes, mais surtout selon le plus ou moins de goût pour les arts des conseillers municipaux. Il en est beaucoup qui n’ont de goût que pour les chemins vicinaux. On ne doit donc pas juger du budget d’un musée par l’importance de ce musée, ni par celle de la ville où il se trouve. Si le budget du musée de Marseille est de 20,000 francs et celui du musée de Toulouse de 15,000 francs, le musée de Rouen n’a que 9,000 francs et le musée de Bordeaux n’a que 7,000 francs. Le petit musée de Béziers a un budget de 3,500 francs et l’important musée d’Orléans n’en a qu’un de 1,800 francs. A Lisieux, on alloue 200 francs par an pour l’entretien du musée! Il y a même des conseils municipaux qui ne veulent pas voter un sou pour le musée. Il en est ainsi à Melun, à Dreux, à Tarbes. Indépendamment de l’allocation municipale, certains musées possèdent un revenu provenant d’un legs. Le musée de Pau a un revenu de 8,000 francs, celui d’Avignon un revenu de 4,000 francs, celui de Montpellier un revenu de 3,500 francs, celui d’Orléans un revenu de 900 francs. Les musées