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contente de 3 pour celles qui ont l’attrait du lot. Pourquoi donc ce qui a été bon pour les grandes villes de France et pour le crédit foncier ne le serait-il pas pour l’état ? Est-ce que celui-ci aurait un crédit moins bien établi et craindrait-il d’échouer là où les autres ont réussi? Évidemment non. Seulement il croit devoir sacrifier à des considérations politiques et il oppose la question d’inopportunité, c’est-à-dire l’éternelle fin de non-recevoir qu’on met en avant quand on ne veut pas d’une mesure et qu’on n’ose pas le dire. La prétendue inopportunité ne tient ni à l’état du crédit ni à celui des affaires, elle tient uniquement aux ménagemens qu’on veut garder pour les rentiers. Quoi ! on dit tous les jours que le gouvernement actuel est parfaitement établi, qu’il n’a rien à craindre, ni au dedans ni au dehors, que par conséquent il peut se livrer en paix à l’étude de toutes les améliorations qui intéressent le pays, et il recule devant la plus urgente, la plus nécessaire de ces améliorations, devant celle qui pourrait servir de base à beaucoup d’autres, et cela pour ménager les rentiers ! En vérité, quand on voit ces hésitations, on se prend à douter de la confiance que le gouvernement prétend avoir en lui-même, on est plutôt tenté de croire qu’il a peur de son ombre. Au point où en sont les choses, il ne faut ni grand courage pour proposer la conversion, ni grand effort pour l’accomplir. Elle serait aussitôt faite que décrétée et quelle que soit la valeur que l’on proposerait en 4 pour 100 en échange du 5, tout le monde l’accepterait, sans qu’il y eût de remboursement à craindre. Ces raisons finiront bien par prévaloir et entraîner le gouvernement; aussi jugeons-nous utile d’examiner encore une fois comment la conversion peut se faire et donner les résultats les plus favorables.

De bons esprits, entre autres M. Paul Leroy-Beaulieu, se préoccupant des précédens et désireux aussi de ménager la transition, pour ne pas infliger une perte trop grande aux rentiers, voudraient que la conversion eût lieu en 4 1/2 pour 100, sauf à la recommencer au bout de quelques années, et à réduire le nouveau 4 1/2 en 4 pour 100. En un mot, ils demandent qu’on fasse en deux fois l’économie totale que les circonstances permettraient de réaliser dès aujourd’hui. Nous ne pouvons partager cette manière de voir. Les précédens qu’on chercherait en France ou au dehors n’ont aucune valeur; jamais on ne s’est trouvé dans la situation où nous sommes avec une rente qui se capitaliserait à peine, à 4 pour 100 et qu’on continue à payer sur le pied de 5. Quand on a fait des conversions en France ou ailleurs, on ne s’était pas laissé acculer à cette extrémité; on réduisait de 1/2 pour 100 parce que les circonstances ne permettaient pas de faire plus et qu’on aurait échoué si on avait