Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 39.djvu/914

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE SALON DE 1880

II.[1]
LE PAYSAGE. — LA SCULPTURE. — L’ARCHITECTURE.


I.

Une époque lassée comme est la nôtre devait être amenée à rechercher dans la nature la simplicité que seule celle-ci possède et ces impressions immédiates qu’on ne peut trouver qu’en elle. En lui empruntant directement ses inspirations, l’art était assuré de rencontrer les sympathies publiques. Dans le mouvement qui signala les dernières années de la restauration, le paysage avait donc sa place marquée. Jusque-là, depuis le commencement du siècle, les côtés pompeux de la nature avaient surtout tenté les rares peintres qu’elle avait attirés à elle. L’attrait du motif était tout pour eux, et le manque d’études sérieuses les condamnait à de vagues aspirations qu’ils prenaient trop volontiers pour de la poésie. Par l’accumulation des élémens pittoresques, — lacs, glaciers, cascades, montagnes et fabriques, — entassés dans de vastes panoramas, ils s’efforçaient de suppléer à l’insuffisance de leurs moyens d’expression. Ce besoin de vive réaction que chaque époque manifeste contre celle qui l’a immédiatement précédée allait inévitablement provoquer un retour vers une excessive simplicité. Après avoir exploré à fond l’Italie et la Suisse, on s’était enfin avisé que la France pouvait offrir aux peintres quelques ressources et qu’il y aurait peut-être intérêt à montrer à ses habitans ses forêts, ses vallées, ses plages, toutes ces beautés naturelles dont un si grand

  1. Voyez la Revue du 1er juin.