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premier des cinq ou six livres que devait comprendre ce vaste ensemble :


Pendent opera interrupta, minæque
Murorum ingentes.


Quoiqu’il n’y ait pas là moins de quatre cents pages, ce n’est même pas tout le premier des trois volumes promis ; l’auteur n’a pas encore touché dans cette longue exposition aux parties essentielles de l’œuvre, ni à la critique des sources, ni à l’histoire de l’art dans ses différentes périodes, ni à l’étude des types humains ou divins que la plastique à représentés. À vrai dire, il n’avait encore écrit qu’une sorte d’introduction générale ; mais celle-ci, moins par les définitions qui remplissent les deux premiers chapitres que par les renseignemens si abondans que renferme le troisième, présente un vif intérêt et garde toute sa valeur.

Ce troisième chapitre est intitulé : Histoire des études archéologiques ; il prend cette histoire à l’aurore de la renaissance et il la conduit jusqu’à nos jours, jusqu’aux fouilles, aux découvertes, aux publications toutes récentes ; il témoigne d’une prodigieuse lecture, d’une grande sûreté de jugement et d’une haute impartialité.

Sans doute, à tant de noms et d’ouvrages exactement cités (il y en a des centaines dans chaque paragraphe), la critique pourrait peut-être en ajouter quelques autres ; de loin en loin, elle noterait maintes inadvertances et maintes confusions ; mais, vu la richesse de la matière et l’étendue de l’espace parcouru, s’il y a lieu de s’étonner, n’est-ce point plutôt de trouver là si peu d’erreurs et d’omissions ? Chacun de ceux qui ont apporté leur pierre à l’édifice paraît à son rang, jugé pour ses mérites réels et pour les services rendus ; Stark n’est pas dupe des ambitions bruyantes ni des programmes menteurs. Son patriotisme même, tout ardent qu’il soit, ne l’entraîne à aucun déni de justice, à aucun oubli fâcheux, et pourtant la tentation était grande. C’est un Allemand, Winckelmann, qui a vraiment créé la science dont il s’agit d’écrire l’histoire ; depuis un demi-siècle, c’est en Allemagne que ces études ont été cultivées avec le plus d’ensemble, de suite et de méthode ; c’était là seulement jusqu’à ces derniers temps que l’on avait su organiser ces ateliers de travail où, sous la direction d’un homme supérieur, aucune force ne se perd et où la médiocrité laborieuse fait elle-même sa partie dans le concert. Nous n’avons pas cessé d’avoir des archéologues éminens, mais nous n’avons jamais eu d’école d’archéologie qui pût rivaliser, par sa fécondité et par son aptitude à poursuivre de grandes œuvres collectives, avec celle qu’avait