Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 40.djvu/817

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. de Montlosier. Il se décidait pour la liberté dans une consultation écrite. M. Charles Richet en a cité tout un passage. La conclusion est que tous, il n’y met aucune exception, peuvent se réunir librement. Il admet en un mot des lois répressives, mais non préventives. — Sa carrière d’avocat avant 4830 se clôt par le procès, qui eut un grand retentissement, du journal le Globe, au sujet de deux articles écrits par M. Dubois. Son. client fut condamné malgré la belle plaidoirie où il s’efforçait de le disculper en se mettant à l’abri du dogme de l’irresponsabilité royale.

Le parti auquel M. Renouard se rattachait n’appelait pas une révolution, et lui-même eût voulu épargner à la France cette épreuve nouvelle, satisfait de la charte qui garantissait le gouvernement constitutionnel ; mais l’irritation que lui causaient les ordonnances le jetait dans le parti de la résistance, et il applaudissait avec enthousiasme à la révolution de juillet. Dès les premiers jours, il était sur la brèche pour le rétablissement de l’ordre, comme maire de son arrondissement, où il rendait les plus actifs services. Il ne tardait pas à être appelé à de hautes fonctions par le nouveau régime, qui le fit successivement conseiller d’état et secrétaire du ministère de la justice, poste qu’il occupa pendant sept ans, puis conseiller à la cour de cassation en 1837. Il ne cessa guère d’être député d’Abbeville jusqu’en 1846, où il fut nommé à la pairie. Son rôle ici encore ne fut que très accessoirement politique, bien que ses votes appartinssent en général au parti qu’on appelait alors conservateur. Il se montra surtout un rapporteur d’affaires accompli, ne paraissant guère à la tribune que pour y soutenir avec une chaleureuse énergie des projets de loi presque tous relatifs aux grandes questions de droit, d’instruction, d’économie publique qui lui tenaient à cœur. La dernière année du gouvernement de 1830 allait le soumettre à la plus pénible des épreuves. Il était nommé rapporteur de la commission de la chambre des pairs chargée d’examiner s’il y avait lieu de poursuivre les ministres Teste et Cubières, accusés de concussion, et il dut, sous l’empire de présomptions non encore décisives, mais bien graves, conclure à la poursuite. Ce n’était pas la seule fois que M. Renouard devait être appelé à porter le poids d’autres responsabilités dans de tragiques circonstances. Personne n’a oublié qu’il était nommé procureur général par la haute-cour de justice, établie par la constitution pour juger les attentats à la loi fondamentale, lors du coup d’état du 2 décembre 1851. Son acceptation fut dictée par le sentiment du devoir, conforme aux convictions libérales de toute sa vie. Cet acte de courage devait se briser contre l’emploi de la force et contre l’entraînement des événemens. M. Renouard reprenait son siège de magistrat en mai 1852 ;