Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est-à-dire en forme de coupe ou de navette renversée, qui sont particulières à l’époque des Vikings. Telle de ces agrafes est en argent niellé et plaquée d’or. Chez beaucoup on observe l’ornementation favorite des scandinaves, les serpens et les dragons en relief élégamment entrelacés ; elles sont généralement d’une époque plus ancienne que celles où l’ornementation se complique et s’accroît en élégance et chez lesquelles la face antérieure, unie ou dorée, offre parfois sur une plaque travaillée à jour des figures d’hommes ou d’animaux. Ces fibules sont à leur revers pourvues d’un ardillon en fer qui permettait de les attacher aux vêtemens, qu’ils retenaient sur la poitrine ou sur l’épaule. On les a rencontrées si fréquemment dans des sépultures avec des épées, des boucliers et d’autres armes qu’on ne saurait douter qu’elles n’aient été à l’usage des guerriers. Mais il en est d’autres que portaient les femmes et qui ont souvent leurs motifs particuliers d’ornementation. Beaucoup sont en forme de trèfle. On a découvert à l’île de Bornholm de magnifiques fibules d’argent uni ou d’argent doré à côté d’autres en bronze et qui se reconnaissent comme ayant été également à l’usage des femmes. Plusieurs nous offrent l’image de colombes ou de corbeaux. Ces bijoux semblent dater d’une époque qui remonte jusqu’au milieu ou à la fin du VIIIe siècle. Mais plus anciennement, durant cette période que les antiquaires du Nord appellent le moyen âge du fer et qui s’étend entre l’an 500 et l’an 700 de notre ère, les Scandinaves déployaient déjà dans leur parure une extrême richesse, car des trésors datant de cette époque ont fourni des colliers, des bracelets, des pendans d’oreilles en or, associés à des médailles frappées par les empereurs d’Orient et d’Occident. On a également rencontré dans des tombeaux, dont quelques-uns remontent aussi haut, une multitude de grains de verre de diverses couleurs, de pierre, de terre dure, de mosaïques, de cristal de roche, d’ambre, ou même de bronze, qui servaient à composer de somptueux colliers à plusieurs rangs et dont les femmes n’étaient peut-être pas les seules à s’embellir. On sait en effet que plus on remonte le cours des âges, plus on voit le sexe fort disputer à l’autre le goût de la parure, et chez nombre de tribus sauvages on observe un fait analogue à celui que nous présentent certaines classes d’oiseaux où tout l’éclat du plumage est réservé au mâle. les Scandinaves de l’époque des Vikings portaient, comme les Gaulois, des anneaux et des bracelets d’or. C’étaient de tels bracelets que, suivant la tradition, on suspendait dans les bois de la Normandie, sous le gouvernement de Rollon, sans que personne osât se les approprier, tant le chef norvégien, devenu duc du pays, y avait fait régner le respect de la propriété. On peut voir au musée des antiquités