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Canning. Son appui était d’autant plus précieux pour les catholiques, qu’il n’était pas un whig pur, comme Grattan. Sur certaines questions il était d’accord avec le ministère Liverpool. Comme tout le groupe des grenvillites, il avait appuyé le cabinet dans sa politique répressive après 1815. On le considérait comme un des hommes que le gouvernement voudrait probablement s’adjoindre à la première occasion favorable.

Le 28 février 1821, Plunkett proposait à la chambre de se former en comité pour examiner les réclamations des catholiques. La discussion fut courte. Elle tint presque tout entière dans deux grands discours, l’un de Plunkett en faveur de sa proposition, l’autre de Robert Peel pour la combattre. La chambre, par 227 contre 221 voix, décida qu’elle se formerait en comité. C’était un premier succès. Il fallait maintenant présenter à la chambre, réunie en comité, une série de résolutions, puis, après avoir fait voter ces résolutions ; les transformer en un ou plusieurs bills. La proposition de Plunkett traversa victorieusement cette série d’épreuves. Moins éloquent que Grattan, mais plus avisé, Plunkett conduisit toute cette discussion avec une habileté consommée. Les deux bills qu’il présenta dans la séance du 3 mars étaient infiniment mieux conçus que celui de Grattan en 1813. Le premier, le Relief-Bill, déclarait les catholiques aptes à remplir tous les emplois publics, sauf celui de grand chancelier d’Angleterre et celui de lord lieutenant d’Irlande. Le second donnait à la couronne un droit de veto sur la nomination des évêques par la cour de Rome et imposait aux prêtres catholiques un serment politique qui ne pouvait faire naître chez eux aucun scrupule de conscience.

La deuxième lecture du Relief-Bill avait été fixée au 7 mars. Elle donna lieu à un grand débat dans lequel les orateurs les plus considérables de la chambre prirent la parole. Canning prononça un de ses plus beaux discours en faveur de la proposition. Il rappela les mesures d’émancipation partielle votées en faveur des catholiques sous le ministère de Pitt et demanda s’il était logique de s’arrêter à mi-chemin : « Vous avez donné aux catholiques le droit électoral, et vous leur refusez l’éligibilité ; vous appelez à vous les classes inférieures, tandis que vous repoussez les classes supérieures. Croyez-vous que ce soit un bon moyen d’inspirer à l’Irlande des sentimens d’attachement pour l’empire britannique ? Quel motif vous empêche de rendre l’union plus étroite et plus complète ? .. Vous avez déjà diminué la distance qui sépare l’Irlande de l’Angleterre. Les Irlandais ont des places dans la représentation de l’empire britannique, et vous leur refusez le droit de faire occuper ces places par des catholiques ! Nos pères, il y a bientôt trois