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campagne. Il se prononçât hardiment contre les oppresseurs, revendiquant le droit commun et la liberté d’association en faveur des personnes dont il ne partageait pas les croyances religieuses, nous donnant ainsi le droit de constater sans hésitation de quel côté, s’il vivait encore, il se rangerait aujourd’hui.


C’est en l’honneur des principes, lisons-nous dans la chronique du 8 novembre 1861, que les écrivains libéraux sont intervenus dans la discussion et ont essuyé le feu de la démocratie gouvernementale, conduite qui paraîtra plus désintéressée encore, si l’on considère qu’ils n’ont pu rester fidèles à leur cause qu’à la condition de couvrir leurs adversaires ultramontains… Ceux qui leur adressent ces reproches se croient sans doute de profonds calculateurs, parce qu’ils se réjouissent des mésaventures qui arrivent à leurs ennemis, et parce qu’ils prêtent main forte pour les frapper. Les sauvages ne raisonnent pas autrement et ne se croient pas pour cela des hommes d’état. Où cette haine aveugle finit, là seulement la politique civilisée commence… Peu importe à nos démocrates qu’on les malmène, pourvu qu’on frappe encore plus fort sur le voisin. C’est là ce qu’en France on a, de tout temps, appelé l’esprit d’égalité. Réjouis-toi donc, Jacques Bonhomme ! tu as de quoi être fier de ta perspicacité et de tes progrès en tout genre.


Aux élections législatives de 1863, il se montra peu disposé à soutenir les candidatures ouvrières et réprouva hautement la bassesse et le mensonge des avances faites sans conviction au puéril amour-propre de quelques individualités sans valeur. L’exclusion formulée par les comités démocratiques de Paris contre des hommes tels que « MM. Laboulaye, Dufaure, Odilon Barrot, Duvergier de Hauranne » révoltait son bon sens. Il n’avait pas de paroles assez sévères pour « flétrir cette franc-maçonnerie, des sots et des badauds… » — « Il est peu de spectacles plus démoralisans, écrivait-il avec dégoût, que celui de la médiocrité couronnée par l’acclamation populaire, et nous voudrions voir notre pays éviter cet écueil des démocraties. » Quand apparut le manifeste de décentralisation publié à Nancy par un groupe d’écrivains modérés, ralliés de divers côtés à ce programme si sage et si libéral, il y adhéra énergiquement, s’efforçant de dissiper l’ombrage qu’il inspirait, bien à tort suivant lui, à l’austère M. Jourdan, du Siècle, et à M. Peyrat, le plus doux de ses contradicteurs. Pour son compte, il n’éprouve aucun scrupule à se joindre aux conservateurs libéraux, fussent-ils royalistes, quand ils réclament ce qu’il juge être fondé en droit, utile en soi et opportun : c’est un partisan déclaré de l’Union libérale.

Sur la politique extérieure, il s’en fallait aussi de beaucoup que