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désignations, de les soumettre à la sanction de M. l’intendant… Qu’il me soit donc permis d’exposer à Votre Excellence l’état de ma santé, qui ne me laisse pas la force de continuer une sorte d’expérience où j’ai épuisé, sous les enseignes d’une direction purement nominale, ce que j’ai de prudence, de réserve et d’humilité. — MICHEL LEVY.


Si la guerre de Crimée a mis en évidence par le sacrifice de vingt et un mille hommes la funeste influence de la subordination du corps médical à l’intendance, ses fâcheux effets se sont fait sentir dans toutes nos guerres, et, même en temps de paix, elle se manifeste chaque jour dans les mille détails du service médical. Depuis vingt ans la science s’est enrichie d’une science nouvelle qu’on appelle l’hygiène hospitalière ; les médecins de toutes les nations ont étudié les modifications à apporter aux brancards, aux voitures d’ambulance, aux trains sanitaires ; les armées étrangères ont créé et fait fonctionner les hôpitaux mobiles de champ de bataille, les compagnies sanitaires ; le matériel de toute nature a été puissamment améliorer en France, rien n’est fait, tout est à faire. C’est qu’à l’étranger, là où la médecine militaire est autonome, le médecin peut apporter au service médical les modifications dont l’expérience a démontré la valeur, tandis qu’en France ce sont toujours les intendans qui se réservent le droit de juger de ce qui est nécessaire au soulagement et à la guérison des malades et des blessés. Il est temps qu’on mette fin à un pareil état de choses ; assez de victimes ont été sacrifiées.


II

Lorsque nous demandons l’autonomie et l’indépendance de la médecine militaire, nous ne demandons pas que le médecin absorbe toutes les fonctions que comporte la direction des hôpitaux et des ambulances.

Il ne saurait lui appartenir de passer des marchés, de réunir des approvisionnemens. Il ne s’agit donc pas de substituer l’élément médical à l’élément administratif, mais de faire à chacun sa part légitime d’action et d’influence.

Trois sortes de fonctionnaires concourent à l’exécution du service médical : le médecin, Compétent pour tout ce qui relève de la médecine et de l’hygiène ; le pharmacien, à peu près inutile, chargé de préparer les médicamens ; le comptable, qui a pour mission légitime Tachât des vivres destinés aux malades et la gestion financière. À ces trois services vient s’ajouter, dans les ambulances de guerre, le train des équipages chargé de la