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d’hôpital avait dépassé depuis six ans les prix antérieurs, ce qui n’a rien d’extraordinaire ; l’autre que la mortalité avait augmenté, ce qui est fort discutable. Peut-être trouverait-on l’explication de cette fâcheuse mesure dans ce fait, que le ministre actuel est l’ancien directeur de l’intendance au ministère de la guerre et que le rédacteur du rapport (lequel contient, du reste, de graves erreurs de fait quant à l’organisation médicale des diverses armées de l’Europe) est un intendant militaire.

Nous ne croyons pas utile de donner avec quelque détail l’organisation particulière à chaque pays ; nous l’avons déjà fait ici-même, il y a quelques années, pour la Prusse et pour l’Autriche[1] ; il nous suffira de montrer comment, dans les grandes armées de l’Europe, la direction du service médical a pu avec avantage être confiée aux médecins ; ce sera la meilleure manière de répondre aux objections de ceux qui, par excès de dévoûment envers l’intendance, par fidélité à la routine, ou par ignorance de ce qui se passe au-delà de nos frontières, s’opposent aux progrès de notre organisation médicale militaire. Il ne leur restera plus qu’un argument qu’ils n’oseraient produire : c’est qu’en pareille matière, un Français n’est pas assez intelligent pour remplir des fonctions qu’on a pu avec avantage confier à un Russe, un Anglais, un Allemand, un Portugais, un Italien, un Autrichien, un Belge, etc.

Voyons d’abord ce qui se passe en temps de paix auprès du pouvoir central et dans les hôpitaux. En France, le conseil de santé des armées n’a que voix consultative, il n’est pas en rapport direct avec le ministre, et ce n’est que par l’intermédiaire de la cinquième direction, celle des services administratifs, qu’il transmet au ministre les avis qu’on peut lui demander. C’est à cette direction des services administratifs qu’appartient la direction du service de santé. En Allemagne, à la tête du corps de santé est le médecin-major-général de l’armée, lequel centralise entre ses mains tout le service. Il est au ministère le chef d’un département spécial, immédiatement subordonné au ministre et correspondant directement avec lui. L’Angleterre, le Portugal, l’Italie, ont une organisation semblable. En Autriche-Hongrie, l’administration centrale du service de santé forme la quatorzième division du ministère de la guerre. Placée sous la direction d’un des deux médecins-majors-généraux de l’armée, elle centralise toutes les affaires relatives au service de santé dans toutes ses branches. A côté de cette direction existe « un comité de santé » composé de médecins choisis en raison de leurs connaissances scientifiques, mais sans acception

  1. Voyez la Revue du 1er novembre 1871.