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qu’on peut appeler reproductives, telles que le rachat de certains chemins de fer et la construction de nouvelles voies ferrées, et des dépenses qui ne se reproduiront plus, telles que la contribution du royaume d’Italie aux frais du percement du Saint-Gothard. L’équilibre budgétaire peut donc être considéré comme complètement assuré, et ce progrès continu des recettes du Trésor explique et justifie la marche ascensionnelle des fonds italiens, dont le prix moyen, de 1865 à octobre 1880, s’est élevé de 65.46 à 84.42 à la bourse de Paris, et de 65.22 à 90.55 sur les places d’Italie. Cette élévation constatée dans les prix du 5 p. 0/0 italien est la conséquence légitime du surcroît de sécurité que le rétablissement de l’équilibre budgétaire est venu apporter aux rentiers.

On vient de voir que l’exercice 1879 a donné un excédent de recettes de plus de 42 millions. Si l’on pouvait compter sur la permanence de cet excédent, il suffirait à lui seul à assurer le service de l’emprunt que le gouvernement italien projette ; mais il ne faut pas perdre de vue que l’exercice 1878 n’avait donné qu’un excédent de 14 millions et demi, et il y aurait imprudence à asseoir une opération financière sur des ressources éventuelles, le produit des impôts étant sujet à d’inévitables oscillations. Le gouvernement italien se propose d’ailleurs d’abolir l’impopulaire impôt sur la mouture qui pèse sur les classes inférieures, et de modifier l’assiette de diverses petites taxes. M. Magliani réserve donc pour ces utiles réformes la plus-value des recettes. C’est l’abolition même du cours forcé qui lui fournira les ressources spéciales dont il a besoin ; l’opération couvrira les frais qu’elle entraînera. Ceci semble un paradoxe ; rien n’est plus exact.

Le gouvernement italien subit, en effet, comme les simples particuliers, les conséquences de l’existence de l’agio. Il a des paiemens à faire à l’étranger, soit pour les arrérages des emprunts qu’il a contractés, soit pour les acquisitions nécessaires à certains services publics. Ces paiemens doivent être faits en or, et cet or, le gouvernement ne peut se le procurer qu’au prix du marché. Il faut donc inscrire tous les ans au budget du ministère des finances un crédit spécial destiné à couvrir la dépense supplémentaire provenant de l’agio sur l’or. Pour les trois exercices 1877, 1878, 1879, cette dépense a été de 12 à 13 millions ; elle deviendrait plus forte si l’agio remontait à 15 pour 100, comme en 1873, et surtout s’il dépassait ce chiffre, comme cela s’est vu récemment en Autriche-Hongrie. L’abolition du cours forcé et le retour d’une circulation métallique feront disparaître immédiatement cette dépense. A une économie qu’on peut évaluer sans exagération à 12 millions s’ajoutera la suppression du forfait de 3 millions et demi que le gouvernement paie au syndicat des six banques d’émission pour la