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d’août 1877. On se souvient que, la stagnation des affaires et la diminution du trafic ayant contraint les compagnies de chemins de fer à réduire les salaires de leur personnel, une grève ou plutôt une véritable conspiration s’organisa pour suspendre, dans le nord et dans l’ouest de l’Union, le service des chemins de fer, de la poste et du télégraphe. Cette grève ne prit fin qu’après des désordres et des collisions sanglantes qui ont été racontées ici même[1]. M. Hayes n’hésita pas à prêter partout main forte aux administrations locales, désarmées ou impuissantes : il suppléa au petit nombre des troupes fédérales en recourant aux équipages de la flotte : la décision et l’énergie dont il fit preuve ne contribuèrent pas médiocrement à hâter le rétablissement de l’ordre.

Aussitôt la clôture de la session, M. Hayes avait conçu le projet de visiter les états du Nord, afin d’avoir occasion d’exposer et de justifier sa politique aux yeux du gros de son parti. Il fut reçu à merveille dans le Massachusetts, où les idées de modération dominaient ; mais on lui donna le conseil de ne pas pousser sa tournée au-delà de Boston. Dans les autres états de la Nouvelle-Angleterre, il aurait trouvé ses adversaires maîtres du terrain, et ceux-ci auraient pu profiter des réceptions publiques pour discuter et censurer en sa présence la ligne de conduite qu’il avait adoptée. M. Hayes déféra à ces conseils et retourna incontinent à Washington en traversant les états du Centre, New-York, New-Jersey et la Pensylvanie, où l’accueil qui lui fut fait ne laissa rien à désirer. La chambre des représentans, dont les pouvoirs avaient expiré le 4 mars, absorbée par la discussion du compromis et des décisions de la commission arbitrale, n’avait pu terminer l’examen de plusieurs mesures importantes, et elle n’avait pas voté le budget de la guerre. Le président avait donc songé à convoquer une session extraordinaire pour le mois de juin, afin de remédier à cette omission. Il abandonna ce dessein afin de ne pas fournir à ses ennemis l’occasion d’une campagne parlementaire contre ses ministres et afin de laisser aux mécontentemens le temps de se calmer. Des banquiers consentirent à avancer, sur la signature du ministre des finances, les sommes nécessaires au paiement de la solde ; les traitemens des employés furent suspendus, et la session extraordinaire fut ajournée à la seconde moitié d’octobre. Avant la réunion du congrès, le président résolut de parcourir les états du Sud afin de se rendre compte par lui-même de l’état des choses depuis le départ des troupes fédérales, dont les derniers détachemens avaient dû être rappelés pour coopérer à la répression des désordres dans les états du Centre. A son

  1. Voyez la Revue du 1er et 15 octobre 1877.